samedi 20 octobre 2007

Riens (13)

Grosse journée de travail hier, suivie d'une soirée chez Isabelle. Même pas le temps de passer chez moi me changer. Juste un petit coucou à J., par portable interposé, entre le dernier cours et le premier conseil de classe.
Le fait de ne pas pouvoir écrire m'a manqué. C'est devenu une habitude de me retrouver ici chaque soir.
Cet écran a changé totalement mon attitude vis-à-vis de l'écriture. Avant, je ne pouvais pas sortir du style prof., de ce qu'on m'avait appris au collège et au lycée. Impression de faire une bonne rédaction, mais rien de personnel, rien de vrai. J'écrivais "à la manière de ..".
Devant l'ordinateur, cela a disparu: les phrases viennent facilement, comme une nécessité. Elles coulent d'elles-mêmes la plupart du temps, sans que j'aie à y modifier autre chose que des fautes de frappe ou quelques répétitions. J'avais besoin de ça, réellement.
Mais le plus étrange, c'est qu'autrefois, j'écrivais quand je n'allais pas très bien dans ma tête, pour évacuer, comme une thérapie. Inutile de dire qu'aujourd'hui, ce n'est pas le cas.

Chez Isabelle, nous devions être huit. Nous nous sommes finalement retrouvés à cinq: la copine de François, ayant quelques petits soucis avec sa grossesse, a préféré se tenir tranquille.
Quant à Hélène et Christophe, ils traversent actuellement une période très difficile et ont téléphoné à la dernière minute qu'ils ne viendraient pas. Je m'attendais à cela: leur fille aînée souffre depuis déjà quelque temps de crises d'angoisse et d'anorexie. Le fait de la changer d'établissement scolaire n'a résolu le problème que pendant quelques jours. Elle doit être placée la semaine prochaine dans une unité spécialisée pour ados en souffrance.
Hélène devrait se faire suivre par un médecin également: elle est à bout de résistance. Heureusement, elle peut, quand elle le veut, parler avec nous, se laisser aller. Christophe, lui, est totalement muré en lui-même. Plusieurs fois je lui ai tendu la perche, nous sommes très proches affectivement et psychologiquement. Alors pourquoi ne la saisit-il pas? : par sentiment de culpabilité, par peur de m'ennuyer, pour ne pas m'exposer, après la mort de Pierre, à des réalités pénibles de la vie ? Je ne sais pas. Mais il souffre, seul, et je voudrais tellement l'aider.
Je n'ai pas téléphoné aujourd'hui: il faut qu'en famille, ils se préparent à ce départ de lundi et à cette nouvelle donne dans leur foyer. Mais demain, encore une fois, je leur dirai que je suis là et que je les aime.
Isabelle s'est donc retrouvée royale, divine, avec quatre mecs à ses pieds, deux homos et deux hétéros, ce qui n'est pas pour lui déplaire, même si aucun n'a prolongé jusqu'au petit matin avec elle.

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