samedi 13 octobre 2007

Abécédaire (H)

Hiver: pour moi toujours lié au sacrifice du cochon. Mon père en tuait pour tout le village et les environs. Dure journée de travail, qui commençait par les couinements de la pauvre bête qu'on égorgeait et se terminait dans les odeurs écoeurantes de sang, de merde et de graillons.
La veille, il avait fallu se procurer des boyaux, des vrais à l'époque, chez le boucher. Ils étaient conservés dans la saumure (je crois) et on les lavait à grande eau, plusieurs fois, avant de les utiliser pour les saucisses, saucissons, jésus et rosette.
Un jour, un cochon a sauté du banc de bois sur lequel on l'avait placé et s'est enfui, à moitié égorgé. Il a fini quelques mètres plus loin, vidé de son sang.
Je devais aider ce jour-là, mais je n'aimais pas ça. J'ai toujours eu horreur que l'on doive tuer des animaux pour se nourrir, (même si je n'ai jamais été végétarien: en voyant un steak dans son assiette, on s'imagine difficilement la bête d'où il a été extrait!). Chaque porc, chaque chevreau, chaque agneau avait sa "personnalité" et il m'est arrivé souvent de refuser de manger la viande d'un animal que j'avais connu. (Seules les poules font exception à la règle.).
Le soir, il restait, dans la neige de février, la trace écarlate du sacrifice, qui me fascinait comme une marque d'infamie.
Une coutume de cette époque: le paysan, propriétaire du cochon tué, offrait le lendemain à tous ses voisins une assiette remplie d'un assortiment de morceaux ou préparations (boudin, saucisse...) travaillées la veille. A charge pour le voisin de rendre la pareille une fois son tour venu.
Je dois ajouter pour être honnête qu'au moment de manger les saucissons, quelques mois plus tard, la "personnalité" du cochon était depuis longtemps oubliée.
Homme: La Gloire de Dieu, c'est l'Homme vivant.
C'est la devise, tirée de Saint Irénée, que Pierre avait choisie pour son ordination. Pierre est mort un 28 juin, jour de la Saint Irénée, veille de la Saint Pierre. J'ai adopté cette devise: elle m'a aidé à rester debout.
Homosexualité: nous y voilà, mais à quoi bon? Tout a déjà été dit, ailleurs et partout.

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