dimanche 12 avril 2015

Encore !!!

Une fois de plus, l'enseignement du latin et du grec est en danger. Ce n'est pas la première fois, de même que pour la philosophie, l'histoire ou les arts. Comme chacun sait, toutes matières inutiles à l'homme moderne !!

Il y a des jours où je suis très heureux d'être en retraite. Celui-ci particulièrement. Et je pense aussi à ma "vieille" collègue qui, elle non plus, ne verra pas ça. Le projet gouvernemental consiste, si j'ai bien compris, à supprimer l'étude de ces langues anciennes en la remplaçant par une étude pluridisciplinaire de ces civilisations qui sont le socle de la nôtre.

Pourquoi pas ! Je n'ai rien contre la pluridisciplinarité, loin de là, pour l'avoir pratiquée de nombreuses années dans le cadre d'un projet spécifique à notre collège. Je pense même que cette façon d'étudier est très intéressante et très enrichissante pour les élèves ainsi que pour les enseignants. Mais pourquoi supprimer l'étude des langues ?

Il n'a jamais été question de les apprendre comme des langues vivantes, de les ressusciter. Mais bien plutôt de former, par leur apprentissage, et de développer chez l'élève une curiosité, une rigueur et une logique qui, jeune, lui font souvent défaut. Même si cette logique et cette rigueur peuvent être inculquées par d'autres matières, l'apport en ce sens des langues anciennes ne me semble pas négligeable.

Et puis, des enseignants non issus de la formation Lettres classiques, même s'ils montrent la plus grande conscience professionnelle et le plus grand intérêt pour l'Antiquité, peuvent-ils faire partager leur enthousiasme de la même façon, aussi profondément, que ceux qui, depuis la sixième, n'ont cessé de téter le lait de la Louve et de chevaucher le Centaure ?

Mais que fallait-il attendre d'autre d'une ministre qui, comme je l'ai dit dans un autre billet, propose pour célébrer la langue française dix mots dont pas un n'est issu du latin ni du grec ?

8 commentaires:

Jean-Pierre a dit…

Oui finissons-en une bonne fois avec le latin et le grec Mme la ministre ! débaptisons le quartier latin, toilettons les notations mathématiques et les albums d'Astérix,
comme le propose cet article de Libé
Ils ont vraiment rien à foutre..

Cornus a dit…

C'est effectivement extrêmement grave et pas seulement par l'abandon de l'apprentissage des langues en question, mais par tout le contexte. Je rappelle que la philosophie a déjà été abandonnée depuis un moment pour les bacs professionnels voire pour certains bacs technologiques. Ces gens là n'ont pas besoin de penser.
Les sciences physiques, chimiques et naturelles ont aussi fait l'objet de coupes scandaleuses au moins au collège. L'histoire (et la géographie ?) sont aussi menacées. A quoi bon conserver l'orthographe et la grammaire ? Et pour les maths, l'ordi ne remettra-t-il pas tout ça dans l'ordre ?
La culture générale est en effet très menacée et se résume déjà à un pâle vernis. La chose va encore se dégrader.

Ariadne a dit…

Je suis prof de langues anciennes, latin et grec, et je crois que je suis plus en colère contre la presse et contre les syndicats que contre la ministre. La réforme est plus complexe que ce qui est proclamé partout; en plus des enseignements interdisciplinaires la langue pourra être enseignée 1 heure en 5°et 2h en 4 et 3,( soit une heure de moins qu'actuellement ) dans le cadre d' enseignements complémentaires dont l'enveloppe horaire dépend de la marge de liberté du chef d'établissement, en concurrence avec par exemple la création de 1/2 groupes. Ceci est pour 2016. Mais on clame tellement que le latin grec vont être supprimés que dans les semaines qui viennent il va être difficile de trouver des volontaires pour s'inscrire à ces options pour 2015! J'aimerais qu'on clame aussi haut et fort qu'il ne devra plus y avoir de classes bilangues ou européennes pour éviter les « classes d’élite » puisque tout le monde aura la LV2 dès la 5°.

plumequivole a dit…

J'ai beaucoup aimé le latin et le grec, le grec surtout je dois dire, pratiqué jusqu'en fac, mais je ne me sens pas du tout inspirée ni touchée personnellement par l'héritage culturel de cette antiquité-là. Même s'il est présent dans ma propre culture, que je le veuille ou non. Enfin...disons que cela ne me touche pas plus que l'antiquité chinoise, ou nordique, ou arabe, ou maya, etc...qui attisent bien davantage ma curiosité par tout ce dont on ne nous a jamais appris à leur sujet. Et je ne parle même pas du très peu que nous savons de l'antiquité celte...

Calyste a dit…

Jean-Pierre : hilarant quand on sait que c'est de l'ironie !

Cornus : attention à ne pas être trop défaitiste. Platon lui-même a écrit : "le niveau baisse" !

Ariadne : j'étais bien sûr que tu allais réagir. Mais je n'aime pas voir les langues anciennes dans la marge, même la marge de liberté.

Plume : il me semble que l'Antiquité celte est une science assez récente et qu'elle fait aujourd'hui des progrès considérables. Et tant mieux parce qu'elle me passionne. Ah ! ces bretons encerclés par les romains !

CHROUM-BADABAN a dit…

C'est con parce que les "trucs qui servent à rien" j'adorais ça rien que pour emmerder le monde et c'étaient les seules matière où j'étais bon !
Qu'aurais-je été sans le latin !

Calyste a dit…

Chroum : C'est exactement ce que j'avais répondu quand j'étais étudiant à un snobinard qui me demandait pourquoi je perdais mon temps avec ça.

Cornus a dit…

Je ne suis pas défaitiste, c'est l'État qui l'est, qui ne mets pas les bons moyens aux bons endroits, qui néglige encore trop l'éducation, la formation (ce n'est pas qu'une question d'argent, c'est aussi une question d'organisation, de philosophie). Ensuite, pour le niveau qui baisse, je ne sais pas si c'est le cas et ce n'était pas mon propos. Disons, que je souhaiterais que le niveau soit plus haut globalement, que la France redevienne un exemple, alors qu'elle s'enfonce dans les classements internationaux. Et pas le classement pour le classement, mais un bon niveau pour avoir des gens formés à leurs métiers, de grands professionnels opérationnels. Bon je m'arrête là, il y aurait des tas de choses à dire, mais ce n'est pas simple de s'exprimer sur le sujet sans caricaturer d'une manière ou d'une autre.