mardi 20 avril 2010

Une femme d'exception

C'est la première fois que je mange avec Maria. Je la connais depuis plus de trente ans et c'est la première fois qu'elle accepte. Un petit brin de femme, je dirais en bout de table si celle de ma cuisine n'était pas ronde. Pour lui faire accepter une salade en plus de l'omelette annoncée, il a fallu insister. Et pas de fromage, et pas de désert. J'ai pensé en la voyant à ses mères des siècles passés, entièrement dévouées à leur famille et qui ne s'arrêtaient guère de travailler pour avaler, debout, ce qu'il restait du repas quand les autres étaient servis. Elle n'a pas voulu de café non plus et s'est mise à faire la vaisselle pendant que je le buvais

Ce matin, après le repassage, elle m'a aidé à trier définitivement ce qui était à donner et ce qui était à jeter dans les tas de vêtements, souliers, vaisselles et autres qui s'entassaient dans une pièce de mon appartement depuis bien trop longtemps. Nous en avons fait des valises, des cartons, des sacs poubelle selon leur destination. Les balcons n'ont pas été épargnés: adieu les vieilles tables de bois bancales et rongées par les pluies et les froids de ces dernières années, adieu inutiles pots de fleurs en plastique, terre restant d'années de jardinage et plus bonne à rien. Lessivage des sols et installation des pots qui avaient passé l'hiver sur le palier. Tout est en place.

Vider, jeter est finalement un plaisir. Le pincement au cœur ressenti parfois est minime comparé à l'impression de liberté après, devant la place récupérée, le nouvel aspect des lieux. J'ai fait connaissance avec la déchèterie de Gerland, surpris qu'autant de voitures se pressent en un carrousel ininterrompu charriant tout, ou presque, ce que l'humanité a pu inventer pour le confort, ou l'inconfort, de l'homme.

Maria était toujours avec moi. Je l'ai ensuite déposée chez elle, touché par l'aide qu'elle m'avait apporté tout au long de la journée, aide d'autant plus précieuse que ce petit bout de femme n'est plus très loin de ses soixante-dix ans. J'en connais de plus jeunes qui fatiguent à la simple évocation de l'effort à fournir!

2 commentaires:

Lancelot a dit…

C'est la Marie qui cuisinait de la paëlla ....?

(je ne l'aurais jetée pour rien au monde, celle-là...)

Calyste a dit…

Elle même, Chevalier, et crois bien que je n'ai pas du tout envie de la jeter. C'est même elle qui parfois me jette (mais elle n'a pas tord!).