dimanche 4 avril 2010

Pâques

Pâques chaque année un moment à part, que l'on soit croyant ou pas.

Me reste particulièrement en mémoire celui de 2005 où Pierre, déjà hospitalisé et que je voyais tous les jours, avait eu la délicatesse de me laisser un message sur le répondeur du téléphone pour me souhaiter une bonne journée en famille. Je l'avais découvert seulement le soir, en rentrant, étant parti à peine dix minutes avant qu'il n'appelle. A sa mort, le message n'avait pas encore été effacé de la bande. Je ne l'écoutais que rarement, je savais qu'il était là, lui, alors que Pierre, physiquement, n'y était plus. Sa voix me faisait mal, il était déjà très fatigué, mais il y avait encore ces accents de tendresse comme quand il me parlait presque comme à un enfant. Je ne voulais pas l'effacer de la bande. Et puis, un jour, il y eut une panne électricité et le message disparut. Plus rien. Je crois aujourd'hui que c'est mieux ainsi.

Il y a deux ans, je découvrais la veillée pascale, avec J. et sa famille, dans une église de Villeurbanne. Lorsque nous nous étions réunis dans la cour du presbytère, avec à la main nos petites bougies allumées, j'en avais été bouleversé. Symbolique et simplicité m'avaient tiré des larmes de bonheur.

L'an dernier, j'étais seul à cette veillée, à l'église Saint-Louis de la Guillotière, je m'étais installé tout au fond et, encore une fois, cette ferveur d'une foule assemblée, le profond respect pour la cérémonie de quelques clochards installés au fond comme moi, le retour de la lumière m'avaient ce soir-là apporté une paix extrême.

Cette année, je ne suis pas allé à la messe. J-C m'avait invité à dîner avec F. et deux autres amis. Je ne suis pas rentré très tard car aujourd'hui, j'avais ma famille à la maison. C'est moi qui les recevais, pour une fois. Beaucoup de travail mais au final une bonne journée, sans heurts, comme je les aime. Qui sait si ce ne seront pas les dernières fêtes de Pâques que nous passerons tous ensemble...

J'ai, pris l'habitude, à ce dimanche de Pâques, d'installer un gros bouquet de jonquilles sur mon bureau, derrière la photo de Pierre. Leur vase est un pichet à eau savoyard, décoré de l'oiseau traditionnel, celui-ci sur fond bleu. Il vient de Bons: un cadeau offert à tous d'eux par les voisins. C'est étrange comme j'associe de plus en plus cette fête de Pâques à Pierre, sans peine, sans douleur. Me mettrais-je à croire en la résurrection?

2 commentaires:

Lancelot a dit…

Mais la résurrection, ce n'est pas une jolie légende tirée de l'Evangile. c'est bien réel et ça a lieu tous les jours. Les gens que nous avons aimés revivent lorsque l'on pense à eux, que l'on parle d'eux, que l'on écrit sur eux.

Et le début du printemps, qui correspond à quelques semaines près avec Pâques (en tenant compte des aléas dûs au climat) est lui aussi le triomphe de la résurrection.

Je t'embrasse. Fort.

Calyste a dit…

Effectivement, Lancelot, je suis d'accord: la résurrection n'a rien d'une légende.