vendredi 9 avril 2010

Compter, compter...

Lorsqu'à table, à midi, j'ai résumé le contenu du billet précédent à mes collègues à la cantine, certains m'ont regardé d'un drôle d'air. Je connais ce regard mi amusé mi apitoyé qui me fait chaque fois comprendre que l'on me plaint du fond du cœur. Ceux qui me le jettent trouvent sans doute un peu débile cette façon de penser et surtout que , pensant de la sorte, on ait l'inconscience de faire partager ses réflexions aux autres. Mais j'ai l'habitude de cette réaction. Seule Kicou, surprise au début, avait fini par s'y faire. Ainsi, lorsque je m'amusais à calculer pendant une représentation des élèves, qu'étant à peu près soixante-dix profs, nous avions à nous tous vieilli de sept cents ans depuis mon arrivée, une dizaine d'années plus tôt, elle éclatait de rire en se demandant bien comment de telles idées en venaient à me passer par la tête.

En fait, je crois maintenant avoir l'explication, ou les explications. D'abord, je pense que c'est pour moi une façon pratique d'échapper à mon trop grand cartésianisme. J'accorde une telle importance à la logique et au raisonnement rigoureux (je n'enseigne pas le latin par hasard) que parfois, j'éprouve le besoin de prendre des chemins de traverse, de donner un peu d'air à mon cerveau, de lui accorder des vacances. Se rajoute à cela le sentiment très jouissif de ne pas être compris par des penseurs trop bien formatés et la joie, oui la joie, de passer à leurs yeux pour un imbécile.

La deuxième explication s'oppose en fait à la première. Je pense également que je ne peux m'empêcher de compter à tout moment: les chiffres des plaques d'immatriculation des voitures, le nombre d'étages d'un bâtiment, le nombre de fenêtres d'un autre, les pas quand je cours (quand je courais, devrais-je dire), la durée d'un feu rouge, etc. Ce plaisir (ou ce toc) mathématique en s'élargissant un peu en arrive à ce que j'ai dit hier. Mais rassurez-vous: tout cela est pour moi totalement gratuit et, une fois l'instant passé, je l'oublie très vite, ne lui accordant pas plus d'importance qu'un jeu gratuit de l'esprit.

5 commentaires:

Cornus a dit…

Eh bien moi, j'aime beaucoup ces jeux. On me dit aussi cartésien (je crois que je me soigne). Je ne compte pas les mêmes choses que toi, mais cela m'arrive de faire des choses similaires.
Quant aux collègues, c'est peut-être eux qui sont anormaux ou n'osent pas s'affirmer ?

Calyste a dit…

C'est bon de se sentir moins seul....

piergil a dit…

Du coup, hier soir, j'ai essayé de les compter...bin ça fait pas mal de monde!!... c'est pas pour me vanter, c'est même pas franchement glorieux et ça m'a foutu l'cafard du coup me suis remis à sauter..euh,à compter les moutons ;-)

Calyste a dit…

Un conseil pour simplifier, Piergil: tu comptes les jambes et tu divises par ?, à toi de voir!

piergil a dit…

Bien vu!tu vas pas me croire mais elles sont justement en nombres impairs,... les jambes(sans rire) et pourtant il compte peut être pour deux... décidement tout ça n'est pas tres mathematique...