samedi 3 novembre 2007

Abécédaire (V)

Vache: c'est beau, les yeux d'une vache. Chez les grecs de l'Antiquité, un des plus beaux compliments que l'on pouvait faire à une femme, c'était de lui dire qu'elle avait des yeux de vache. Essayez aujourd'hui!
Vergobret: allez vite dans le dictionnaire consulter le sens de ce mot avant qu'il ne disparaisse dans les oubliettes de notre inculture. Je m'étonne d'ailleurs de le voir toujours là. (Je précise, pour ne pas passer pour un prétentieux, que je ne le connaissais pas moi non plus.)
Vestibule: encore un mot, avec corridor, dont les élèves ignorent le sens. A la place, ils emploient hall et couloir. Un jour, un petit 6°, pour me faire plaisir, a levé la main pour me donner la signification de corridor: c'est un monsieur qui fait des corrida. Bien trouvé! Au moins, j'ai ri.
Volterra: cette petite ville étrusque proche de Sienne et de San Gimignano, mais beaucoup moins connue que ses deux voisines, me fascine (pour les mêmes raisons que me fascine aussi Syracuse, en Sicile) : c'est une ville de mystères.
Dans une Toscane ici moins policée, moins cartes postales, plus proche de l'Ombrie par les paysages, au milieu de collines presque pelées, elle se dresse au sommet d'un piton, altière à l'intérieur de ses remparts, fragile au bord de ses falaises qui s'effritent (les balze). Elle est belle et lépreuse, comme la plupart des villes d'Italie. Très ancienne, elle fut d'abord étrusque avant de devenir romaine.
Je l'ai découverte en 1981, pendant l'été que j'ai passé à Peruggia pour suivre volontairement des cours à l'Université pour Etrangers, été qui reste pour moi la période la plus belle de ma vie. Mais je l'avais déjà "pressentie" dans un film de Visconti, Sandra en français, Vague Stelle dell'Orsa en Italien (titre tiré d'un poème de Giacomo Leopardi). Un film mystérieux également dont il ne me reste rien que ce ressenti de mystère et quelques images fugaces en noir et blanc tournées au pied des remparts. Je crois me souvenir que l'actrice principale en est Dominique Sanda et son protagoniste un très bel homme, Julien Sorel je crois (mais je risque de me laisser entraîner par Stendhal!).
A quoi tient cette sensation de mystère? Je n'en sais rien, encore une fois. Décidément, il avait bien raison, ce prof de fac, de me traiter d'impressionniste. Mais être impressionniste comme l'était Visconti, ça ne me dérange pas.

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