mercredi 28 mars 2018

Le Dieu manchot

Attention : on frise là le chef-d’œuvre, même si je n'aime pas beaucoup ce mot trop galvaudé aujourd'hui.

Il paraît qu'il s'agit là du meilleur roman de José Saramago, prix Nobel portugais de littérature (1922-2010). Je le crois volontiers. En lisant ce roman, j'ai eu constamment à l'esprit ces façades surchargées des églises baroques espagnoles qui racontent une histoire dans l'entrelacs complexe de statues réalistes ou oniriques, voire monstrueuses, où l'on ne sait où poser (ou reposer) l’œil tant la création est foisonnante.

La phrase de Saramago est comme ces façades, se déroulant comme les méandres d'un fleuve, sautant d'une berge à l'autre sans crier gare (peu de ponctuations, pas de mise en page des dialogues, obligeant le lecteur à toujours être attentif). Lecture difficile et exigeante mais ô combien jubilatoire ! Et que d'humour dans la vie de cet ancien soldat manchot (Balthazar, dit Sept-Soleils), de sa compagne (Blimunda, dite Sept-Lunes) et du moine Bartolomeu de Gusmao, contemporains du roi Joao V et rêvant de construire un magnifique engin volant. Que de percutantes critiques de la religion de l'époque (et pas seulement de l'époque), que de leçons à tirer de l'exposition des fastes de la cour, des richesses des couvents et de la sombre pauvreté du peuple des campagnes et des villes.

Je sais que je ne relirai sans doute pas ce livre (j'ai dû même, parfois, avoir recours au dictionnaire pour comprendre le sens de certains adjectifs), je suis heureux de l'avoir terminé mais que mes lectures à venir vont sans doute me sembler fade à côté de ce feu d'artifice !
José Saramago, Le Dieu manchot. Ed. Albin Michel. Trad. de Geneviève Leibrich.)

4 commentaires:

Cornus a dit…

Si cela ne fait que friser, cela n'est pas suffisant pour moi !!! :-)

plumequivole a dit…

En voilà un de noté !

Calyste a dit…

Cornus : j'espère que tu n'as rien contre les frisettes sinon ça va mal tourner entre nous !!!!

Plume : plus qu'à lire alors !

Cornus a dit…

Calyste> J'aime bien la frisette, on en a même à la maison (même si je n'en suis pas responsable).