samedi 1 août 2015

Question de vocabulaire

Pour le cinéma, on dit un spectateur, pour le petit écran un téléspectateur, pour la radio, un auditeur, pour un musée un visiteur. Mais comment dit-on pour la photographie ? C'est la question que je me suis posée tout à l'heure en écoutant sur France Inter une émission consacrée à cet art.

Spectateur (de specto, en latin : regarder) est trop passif. Voyeur trop particulier, et pas adapté du tout à celles que je prends. Décrypteur coupe trop les cheveux en quatre : la photographie n'est pas une énigme à résoudre. Admirateur (de miror, s'étonner)  ne convient pas toujours.

Alors, j'ai pensé à lecteur, comme pour les livres. Lecteur évoque une attitude passive, bien sûr, devant quelque chose qui ne change pas, mais aussi une attitude active : en effet le mot vient du latin lego,is,ere, legi, lectum et, en vérifiant sur mon vieux Gaffiot, j'ai eu la surprise d'y trouver plusieurs sens à ce verbe : celui connu, bien sûr, de lire, mais aussi, et plus intéressant, celui de ramasser, recueillir (et cela renvoie aussi donc au photographe), celui de parcourir un lieu (encore le photographe, mais aussi celui qui, par la photo, voyage dans des lieux qui lui sont inconnus, ou connus, d'ailleurs), celui de voler aussi (le photographe, toujours, voleur d’instantanés par excellence, capteur de moments qui ne seront plus. Rappelons-nous que certains peuples refusent qu'on les photographie par peur qu'on leur dérobe leur âme, mai aussi celui qui, en regardant la photo, fait sienne l'émotion du photographe, en se l'appropriant, telle quelle ou en l'adaptant à son propre ressenti) , celui de choisir (le photographe choisit son angle de vue, le détail qui l'intéresse, la lumière qu'il juge la meilleure, celui qui la voit étant libre de focaliser sur autre chose) et enfin celui de longer, de côtoyer, car la photo est toujours, à mon avis, "à côté" de ce qu'elle semble  montrer.

3 commentaires:

CHROUM-BADABAN a dit…

La photo est une image, volée(voilée!), ramassée, recueillie, donnée, vendue.
Elle seule possède le privilège de l'instantané.
Lecture, est un bon terme.
Comme au Moyen-âge, les images se lisaient, se distribuaient.
Certaines photos, les meilleures, parlent.
Comme elles parlent en silence, "lecteur" reste le bon mot car il faut les lire sur les lèvres mêmes du cliché.
Photolecteur, photolectrice, oui l'idée de lecture est une très bonne idée pour la photographie.

Et la sculpture ?
Elle se mange des yeux ?!
Elle devrait pouvoir être touchée, caressée, frôlée...
Comme le sexe en bronze reluisant du gisant Victor Noir au cimetière du Père-Lachaise à Paris !

Cornus a dit…

L'analyse se tient, cela mériterait de figurer comme article dans le "Chas*seur d'im*ages".

Calyste a dit…

Chroum : tu me donnes donc l'imprimatur !
Pour la tombe en question, je m'en souviens très bien. Ou comme le pied usé de la statue de Saint Pierre à Rome.

Cornus :vil flatteur !