mardi 4 août 2009

Hippocrate, que deviens-tu?

Ce matin, ma mère devait passer une radio de l'épaule. Rien de grave sans doute mais à son âge il est plus prudent de vérifier. Le cabinet de radiologie à côté de la clinique étant fermé, rendez-vous avait été pris dans le nouvel hôpital privé de Lyon, l'hôpital Mermoz, qui a remplacé trois cliniques préexistantes: St-Jean, Jeanne d'Arc et Ste-Anne-Lumière.

J'ai voulu me rendre compte hier après-midi de l'accessibilité des lieux aux fauteuils pour handicapés. Bien m'en a pris car j'ai dû pendant plus d'une demi-heure chercher la bonne solution. L'entrée principale est en effet située dans une rue où les travaux d'aménagement ne sont pas terminés, donc places de parking à demi sauvages dans les graviers, camions passant et repassant au ras des voitures, rebord du trottoir infranchissable, etc, etc. Après plusieurs fausses pistes, j'ai su que je pouvais emprunter le parking des ambulances, dans la rue parallèle. Bien. A noter que toutes les personnes à qui j'ai eu affaire, infirmières, aides-soignantes ou secrétaires ont été charmantes et pleines de dévouement.

Ce matin, nous voilà donc partis. Aucune difficulté: je trouve une place pour me garer avec les ambulances, un aide-soignant qui venait de finir sa cigarette m'accompagne même jusqu'au bon ascenseur et au bon couloir. La secrétaire a l'air un peu débordée par l'affluence à son guichet et appelle sa coll-gue à l'aide, collègue qui vient presque immédiatement lui prêter main forte. Courte attente devant les cabines de déshabillage. Lorsqu'on vient chercher ma mère, je préviens qu'elle relève à peine d'une fêlure du bassin et qu'elle ne peut seule tenir debout. On me rassure, toutes les précautions seront prises.

Opération rondement menée, nous nous retrouvons bientôt devant la secrétaire pour régler et récupérer les clichés. Mais là, surprise: lorsque je demande ce qu'a montré la radio qui vient d'être prise, on me dit que les deux docteurs sont occupés et ne peuvent éventuellement me renseigner qu'au minimum un quart d'heure plus tard. Ainsi donc, il n'est pas prévu ici de compte rendu systématique? Il faut le réclamer pour l'obtenir? Je trouve détestable cette façon de procéder qui tend à se généraliser. Déjà pour ma dernière coloscopie, on m'avait fait le même coup et le médecin n'était jamais arrivé: quand, après avoir attendu, je m'étais enquis de la cause de cette longue attente, on m'avait simplement répondu que le docteur Truc était parti déjeuner! J'avais donc dû patienter jusqu'à recevoir les résultats par la poste, trois semaines plus tard, et bien sûr téléphoner pour que l'on me traduise ces résultats en langage compréhensible par tout un chacun.

Donc, ce matin, je n'ai pas lâché prise. Attendre un quart ne semble rien dans la vie courante et normale. Mais lorsque c'est avec quelqu'un dont le cerveau est atteint de dégénérescence, qui n'a jamais supporté de sa vie d'attendre, qui n'a en outre plus aucune conscience claire de la valeur et de l'écoulement du temps, des aléas de la vie quotidienne, et qui peut à tout moment faire sur lui, un quart d'heure, c'est très long! J'ai donc demandé assez sèchement que l'on me trouve rapidement quelqu'un qui puisse me renseigner. Et j'ai obtenu gain de cause: on est allé chercher (où?) un autre médecin, une femme charmante et calme, qui a bien voulu devant moi interpréter le cliché.

Ce que j'ai du mal à admettre, dans ce genre de circonstances, c'est l'état d'esprit développé par certains médecins. Le milieu médical est un milieu qui m'a toujours fasciné, car je pense que l'on y trouve les individus les plus bizarres et les plus attachants de la société en général. Je trouve d'autre part qu'ils exercent,avec les enseignants, le plus beau métier du monde. Mais pas quand ils se comportent de cette façon. On engrange les rendez-vous trop nombreux sur un emploi du temps trop étroit et l'on n'a plus le temps de s'occuper réellement du patient. Une fois le chèque endossé, vogue la galère. Où sont là les principes du serment d'Hippocrate? En particulier celui-ci: "Je ne me laisserai pas influencer par la soif du gain ou la recherche de gloire."? S'il peut arriver que certains médecins soient débordés à cause des carences en personnes du système hospitalier actuel, je ne crois pas que cela s'applique aux médecins travaillant en secteur privé. Si je me trompe, qu'on me le dise! Et surtout que l'on dise au patient qu'il peut rencontrer brièvement le médecin s'il attend un peu, sans arrêter la relation à la remise du chèque (gonflé souvent de dépassements d'honoraires)!

4 commentaires:

Lancelot a dit…

Aucun rapport avec ton texte, mais...

MON DIEU.... Je viens de me rendre compte (je m'en doutais en tournant la clé dans la serrure avant d'ouvrir la porte, mais tout de même...) de tout l'AFFREUX retard qu'il me reste à rattrapper sur ton blog, en matière de lecture ET de commentaires....

Bon...

Je vais plonger, avec délices, certes, mais aussi, en apnée, dans les profondeurs marines créées par mon Calyste au cours des trois dernières semaines... Simplement, sois un peu patient. Je ne pourrai pas tout faire d'un coup. Mais je serai là, je te le promets.

Je t'embrasse. J'ai pensé à toi des dizaines de fois, "là-bas"... ;-)

zeus_antares a dit…

Dans une clinique privée ou j'ai eu à passer récemment une radio, j'ai du attendre une bonne vingtaine de minutes avant que le médecin ne viennent commenter le résultat du cliché. J'espère que ta mésaventure reste une exception, mais je note aussi que les cadences de fonctionnement de ces structures médicales ne favorisent pas le dialogue patients/médecins! Quant aux dépassements d'honoraires, c'est un vrai scandale qui montre bien que la médecine à deux vitesses est une réalité...

MY a dit…

Sans rire de cette situation "abracadabrantesque", cela est un bon moyen de lire ou relire les pièces de Molière sur les médecins ! de "l'amour médecin" au "médecin malgré lui"....

Et puis hormis Hippocrate, il ne reste plus qu'à invoquer Esculape...

Calyste a dit…

Je lirai tout ça à mon retour, donc, cher Lancelot.

Je crains que cet état de fait ne se généralise, hélas, Zeus.

Esculape? Tu crois que ça va marcher, Upsilon?