jeudi 5 décembre 2019

L'Ile enchantée

Voilà bien un roman comme je les aime ! D'abord le style d'Eduardo Mendoza, fluide et classique, qui porte et soutient l'attention sans prise de tête. Je l'avais déjà remarqué dans les précédents romans que j'ai lus de lui. Ensuite, un nouveau décor : le personnage central quitte Barcelone et la Catalogne pour passer, seul et désœuvré, de longs mois à Venise. Une Venise loin des clichés touristiques habituels, une ville vieillissante, sale et humide, où les palais des anciennes familles pourrissent sans entretien, où les venelles obscures sont de véritables coupe-gorge, où le défilé incessant de touristes idiots corrompt tout.

Mais surtout, ce que l'on ressent au fil des pages, c'est le plaisir d'écrire de l'auteur, la jubilation même qui se moque comme d'une guigne de la vraisemblance, fait des détours dans des histoires parallèles ou s'encastrant, comme dans les Mille et une Nuits. Et ça marche, et on jubile à son tour. Il y a longtemps que je n'avais pas éprouvé ce plaisir sans restriction. D'autant que les clins d’œil au cinéma n'y manquent pas. 
(Eduardo Mendoza, L'Ile enchantée. Ed. du Seuil. Trad. de Annie Morvan.)

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