mardi 17 juin 2014

Homo telephonicus

L'homme est un animal des plus bizarres, particulièrement lorsqu'il est au téléphone. Et particulièrement sur son téléphone portable ! Accessoire indispensable de la modernité, on dirait souvent qu'il fait régresser son propriétaire à l'état de primate des temps préhistoriques.

Il n'est a qu'à regarder autour de soi dans la rue : on se balade avec sa prothèse collée à l'oreille, comme si rien n'était plus urgent, plus important que de savoir où se trouve l'autre ou de lui indiquer sa propre position : "t'es où, là ?" est devenu très vite le refrain des trottoirs. Et si l'on est deux à marcher de conserve, les deux conversent avec deux autres qui ne sont pas là. Vive la communication !

Avez-vous remarqué aussi comme la plupart parle fort en tenant leur portable, même quand il n'y en a aucune nécessité. Ainsi a-t-on la grande joie de ne rien perdre de dialogues qui feraient pâlir d'envie le pauvre Alfred Jarry. Mais, plus drôles encore ceux qui, grâce à un système très "élégant" placé derrière l'oreille, conservent leurs deux mains libres. Là, nous n'avons pas seulement le son, mais aussi l'image. Mimiques du visage (froncement de sourcils, yeux exorbités, sourire charmeur...) et abondance de gestes circonstanciés, comme si l'autre était réellement là, tout près.

Le théâtre est dans la rue. Pourquoi s'en priver ?

8 commentaires:

plumequivole a dit…

Ah oui ceux qui parlent tous seuls dans le rue ça me fait mourir de rire. Et t'as oublié l'index s'agitant frénétique sur l'écran tactile !
Ce qui me fait moins rire c'est de voir des téléphoneurs traverser devant ma voiture sans lever le nez de leur écran, et de préférence en dehors des passages piétons. Idem des prothésés MP3.

Nicolas a dit…

Franchement, je trouve ça de pire en pire ces téléphones portables, surtout depuis les smartphones : tout le monde les dégaine comme une arme contre quoi : l'ennui ? Tu es au resto, regarde autour de toi : certains ne se parlent même plus ou si peu ; ils textotent. Les gens organisent des événements physiques sans même se parler. Ils disent plutôt sur des réseaux sociaux : je suis ici, trop cool. Tu invites des amis, que tu pensais bien élevé, bim, même eux sont gagnés par ce mal étrange : parfois ils s'éclipsent pour regarder leur message : ils s'éclipsent de la conversation, pas de l'espace, le plus naturellement du monde. C'est comme si les êtres réels devenaient des fantômes. Limite malsain.

Calyste a dit…

Plume : oui, il y aussi ceux qui risquent chaque jour une tendinite à l'index !

Nicolas : c'est ça, la communication "moderne". On préfère le virtuel au réel. Pas que dans ce domaine d'ailleurs !

Cornus a dit…

Cela m'a autrefois surpris, cela ne m'étonne plus guère. En revanche, pas plus loin qu'hier, une "huile" à ma réunion (pas encore commencée), pourtant située à une quinzaine de mètres de moi téléphonait à une personne et j'entendais tout ce que disait son interlocuteur (sans le haut-parleur pourtant, visiblement). Du grand n'importe quoi.

Nicolas a dit…

Au moins l'avantage quand on pratique le sexe virtuel c'est la garantie de ne pas chopper de MST (on dit IST maintenant mais je ne m'y ferais jamais).
Pour la com par contre je vois pas d'avantage.

Calyste a dit…

Cornus : et tu oublies les parents d'élèves, alors qu'ils sont en rendez-vous avec un prof !

Nicolas : ni de morpions, si tu vas par là !

Cornus a dit…

Ils téléphonent en réunion avec les profs ? J'ai déjà vu ça aussi en réunion, mais je ne "dirigeais" pas la réunion. Si on me faisait le coup un jour, nul doute qu'il y aurait une remontée de bretelles.
Sinon, Fromfrom et moi avons fait le même type d'observation que Nicolas : au restaurant, les 3 personnes de la même table et de la même famille ne se parlaient pas, mais bricolaient sur leur smartphone et ne se parlaient pas et je t'assure que ça a duré très très longtemps. Et c'était un restaurant assez agréable en soirée, donc une sortie en principe sympa.

Calyste a dit…

Cornus : en rendez-vous particulier, ça m'est arrivé une ou deux fois seulement, heureusement. Après, je leur demandais d'éteindre leur portable.