vendredi 4 mars 2011

Momentini

-Entendu hier à la radio Annie Ernaux parler de son nouveau (petit, comme d'habitude et dont le titre m'échappe) livre sur la sœur morte avant sa naissance et qu'il lui a fallu "remplacer". Peu de mots mais des vrais, pas de pathos ni d'exhibitionnisme, des émotions profondes dites d'une voix douce, rien de spectaculaire ni de revendicatif, pour aborder sa façon de vivre avec. Tout le contraire d'une Christine Angot dont la seule vue m'insupporte.

- L'autre soir, le chinois en face de chez moi passait le balais dans sa cuisine, fenêtre ouverte. Une chaudière à gaz blanche sur le mur crème. Il s'applique, donne un premier coup, revient, recommence, insouciant de qui peut le voir. Je ne sais pas pourquoi, je me suis mis à sourire.

- Le bouquet de jonquilles cueillies par Jean-Claude se fane peu à peu. Quelques rescapées dans un plus petit vase. Corolles jaunes sur le fond vert de mon bureau. Peut-être demain matin irons-nous dans les bois à la recherche d'une nouvelle brassée.

- Je n'hésite plus maintenant, quand je ne sais pas, à demander des conseils culinaires à des femmes dans les rayons de Casino. On me répond toujours, et poliment. Beaucoup rajoutent leurs propres trucs pour que ce soit meilleur. Les gens ne sont pas indifférents, c'est la simplicité de se parler qui manque. Je tente de l'acquérir.

- Reçu, enfin, la validation de trois années de travail que la caisse de retraite ne semblait pas vouloir prendre en compte. Cela divise par deux le temps qu'il me reste à œuvrer.

- Un aiguiseur de couteaux est passé dans mon immeuble cette semaine. Je croyais que ce métier n'existait plus. Lorsque j'étais enfant, il y en avait un qui venait régulièrement, une ou deux fois par an, avec sa petite roulotte tirée à bras, sa meule et ses fusils. Il me faisait un peu peur, moins pourtant que le ramasseur de peaux de lapins (à Saint-Étienne,nous disions le "pater", comme le mot latin) qui s'annonçait en criant toujours les mêmes mots sur la route. Ce dernier, je l'associais toujours au dépeçage que je voyais faire à mon père lorsqu'il en tuait un (lapin!). Je ne restais jamais là lorsque cela se produisait.

- Préparation du repas de ce soir. Ce sera lapin à la moutarde (acheté dépecé, naturellement) et pommes de terre boulangères. Une première entre la bestiole et moi. Elle a intérêt à bien se tenir! J'ai tout de même déjà réussi à la découper sans m'entailler les mains. Une première aussi!

9 commentaires:

Kranzler a dit…

Le matin domestique, je craque totalement, je fonds. Un pichet de rosé avec, et je m'abandonne sans la moindre inhibition. (C'est évidemment la fatigue qui me fait tenir des propos pareils. Rien d'autre)

Calins.

Kranzler a dit…

Je voulais évidemment dire : le "Lapin".

Valérie de Haute Savoie a dit…

Le lapin je le cuis doucement, longtemps avec des pommes de terre posées sur la viande. Je mets parfois du martini blanc, un verre, qui parfume la sauce.

Calyste a dit…

Kranzler: hier soir,il y avait aussi du vin rosé frais...Tu aurais pu être là!

Valérie: on m'a dit que mon lapin était délicieux. La prochaine fois, j'essaie ta recette.

Cornus a dit…

- Ah, les jonquilles : ne pas toute les ratiboiser quandd même dans les bois. J'ai déjà vu ça (commerce qui en était fait, scandaleusement). Les gens sont persuadés qu'ils ne font pas de mal s'ils n'arrachent pas le bulbe, mais s'il n'y a plus aucune fleur, plus de reproduction sexuée et à la longue, ça pose des problèmes...

- Les femmes cuisinent mieux que les hommes ?

- Les aiguiseurs, j'ai connu ça aussi dans les années 1970 et ça a disparu depuis. Mais j'ai le matériel ad hoc pour le faire moi-même. J'ai horreur des couteaux qui ne coupent pas. Et le pater, chez nous c'était le ferrailleur ou le ramasseur de "monstres". Il en passe toujours chez mes parents et dit toujours "pater" en passant avec son camion.

Calyste a dit…

Cornus: pour les jonquilles, aucun souci. Là où nous étions, il fallait seulement veiller à ne pas les écraser en marchant, tellement il y en avait.
Certaines femmes cuisinent mieux que certains hommes.

Ça existe donc encore! J'aimerais bien en revoir un, un jour. Qu'est-ce que c'est que ces "monstres" dont tu parles?

karagar a dit…

ai entendu la même interview que j'ai trouvé aussi interessante...

Calyste a dit…

Karagar: le livre est sorti. Je l'ai vu l'autre jour en librairie. Un petit opuscule d'environ 80 pages.

Lancelot a dit…

Pour moi, le lapin, c'était hier ! Je l'ai trouvé très indigeste.