lundi 28 mars 2011

Clichés

(Écrit la semaine dernière)
Le soleil irradie la colline , à l'ouest. Les vitrages scintillent au milieu des arbres renaissants. En bas, les rues sont encore plongées dans l'ombre. La circulation s'intensifie. Le même vieux clochard, au même feu rouge, tend la même main abîmée, l'autre bras replié sur la poitrine, en remerciement si on lui donne quelque chose. Il sourit tous les matins, passant outre son sort de rejeté. Ce matin, je suis en avance. Les troisièmes passeront une heure à traduire un texte de Macrobe. Une heure à moi pour entamer la journée. Écrire, lire, en surveillant du coin de l'œil ce qui se passe dans la salle.

Demain, il paraît qu'il va pleuvoir. Les bourgeons des marronniers dans le parc se boursouflent et cèdent un à un sous la poussée des feuilles encore bien pâles. Les primaires commencent à arriver pour 8h30, seuls pour les grands, accompagnés d'un parent pour les tout petits trottinant à côté de l'adulte pressé de rejoindre son travail. Tableau habituel dès que le beau temps revient. L'horizon est encore masqué par la brume. Les Alpes sont invisibles. Si le Mont Blanc se montre dans la matinée, c'est qu'il pleuvra bien demain.

Dans la salle à côté, un collègue de mathématiques parle de fractions. Sa classe est calme aussi. Bénéfice de travailler le matin, avec des enfants encore reposés. Entre deux modes: plus de grands sacs portés sur le bras replié, les filles "théières" sont en voie de disparition. Plus de vêtements de marque (la crise?). Quelques-uns, les filles, font un effort d'élégance et s'amusent à tester leur charme. Ils n'ont plus la beauté de l'enfance et pas encore l'ambiguïté des jeunes adultes. Eux aussi sont en bourgeons.

J'ai toujours aimé l'air concentré qu'ils prennent lorsqu'ils travaillent sérieusement, comme si Macrobe, en ce moment, constituait le principal pôle d'intérêt de leur vie. Il s'agit d'une histoire de corbeau (un mainate plus exactement) acheté par l'empereur Auguste. J'aurais apprécié, à leur âge, de pouvoir traduire des textes "légers" comme celui-ci, plutôt que les éternels faits de guerre et autres discours rhétoriques que les romains prisaient tant.

6 commentaires:

Cornus a dit…

les filles "théières" : il a fallu que Fromfrom m'explique en me montrant pour de vrai à quoi cela ressemblait. C'est vrai que c'est d'un ridicule achevé, surtout avec le poids des sacs actuels. Je me souviens qu'ç cet âge là, j'avais un cartable en cuir noir avec ses bretelles. Déjà à l'époque, c'étit ringard, mais mes cartables ils ont fait des années et des années.

Calyste a dit…

Cornus: tu as pris une photo ?

Cornus a dit…

Non, mais je vais y penser ;-)

Calyste a dit…

Cornus: j'espère bien que tu partageras!

Lancelot a dit…

Moi je n'ai jamais cédé à la mode du "sac", même pas au lycée. Rageusement, j'ai toujours conservé un cartable, jusqu'en terminale. Et je continue encore aujourd'hui. Mais bien sûr, c'est plus excusable chez un prof.

Anticonformiste jusqu'au bout des ongles. Na. C'est mon conformisme à moi (-même).

Calyste a dit…

Lancelot: j'ai essayé un temps des besaces en bandoulière. Résultat: mal au dos et livres écornés.