Aujourd'hui, ma petite sœur aurait eu soixante ans. Elle est morte d'une hydrocution à onze. Pour moi, elle ne peut avoir d'autre visage que celle d'une gamine rieuse et téméraire, ce qu'elle était, aux fossettes bien creusées sur les joues et aux cheveux en bataille comme les miens. Elle avait un peu plus de sept ans d'écart avec moi et est née l'année où, à la mort de ma grand-mère maternelle, j'ai regagné le giron familial. Comme grand-frère, je lui prédisais un avenir de pianiste célèbre, je ne sais pas pourquoi.
Ma sœur survivante, qui, elle, a failli se noyer en tentant de la sauver, est passée cet après-midi. Nous n'avons pas dit un mot de cet anniversaire et j'ai évité de lui prêter le roman Chaos calme à cause du premier chapitre qui raconte une noyade (qui se finit bien , elle).
Longtemps, j'ai voulu croire que ma petite sœur n'était pas morte, qu'elle était partie, qu'on l'avait enlevée, que sais-je. Je n'ai plus aujourd'hui besoin de ces détours de l'âme mais ai-je pour autant vraiment accepté une disparition aussi brutale ?
lundi 13 janvier 2020
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6 commentaires:
Comme tu me l'as dit sur mon blog, ces anniversaires résonnent chaque année, même s'ils s'adoucissent forcément. Mais le jour dit, les souvenirs affleurent. C'est terrible, je ne savais pas du tout que tu avais perdu une soeur, cela a dû être un séisme dans ta famille.
Tu l'avais déjà évoqué brièvement ici et là, et à chaque fois que je poste des photos de la mer je pense à toi et j'ai toujours un moment d'hésitation...et puis je poste.
Peut-être quelque chose en moi réagit fortement parce que j'ai moi-même été sauvée de justesse à peu près dans les mêmes âges, je ne sais pas.
Oui, je me souviens de la mort brutale de ta soeur. J'avais été frappé par ta mauvaise conscience, car tu lui avais adressé de vifs reproches avant l'accident, dont tu n'étais pourtant en rien responsable. Et comme on ramène toujours tout à soi, je me suis félicité de m'être rapproché de mon père pendant les dernières années de sa vie et de faire actuellement de même avec mon frère.
Valérie : oui, un séisme. D'autant plus que, l'année suivante, je quittais ma famille pour aller à Lyon.
Plume : ne t"inquiète pas, je trouve souvent très belles tes photos de mer. J'aime aussi la regarder en vrai, maintenant que je peux m'en approcher. Mais mettre les pieds dedans, je ne peux pas.
Pippo : effectivement. Tu as une très bonne mémoire. Pour moi, j'ai la chance d'avoir de très bons rapports avec ma sœur, le seul membre de la famille qu'il me reste.
Oui, je me souvenais bien de cette tragédie dont tu as parlé à plusieurs reprises. Je n'avais pas voulu commenter l'autre jour. Aujourd'hui, je t'adresse une bise virtuelle.
Cornus que j'accepte avec plaisir.
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