mercredi 25 avril 2018

Un calvaire

Hier, voyage éclair dans le Jura pour la sépulture du frère d'une amie d'amie. Un ancien paysan de 88 ans, discret mais drôle si l'on prenait garde à ce qu'il disait parfois. Ce fut un véritable calvaire.

D'abord l'heure, juste après le déjeuner, au moment où l'on pense davantage à faire la sieste, ce que je faillis faire sur ma chaise, presque au fond de l'église. Ce qui me tint réveillé, ce furent deux autres calamités : en priorité, le curé (que tout le monde semble apprécier dans le village), un cinquantenaire en soutane à la voix de stentor. Certes il chantait bien, une belle voix bien posée, certes les chants qu'il "proposa" sortaient de l'ordinaire, traçant de la vie des champs un portrait assez réaliste bien que poétique. Mais dans cette église où nous nous trouvions un cinquantaine environ, il fut le seul à chanter, sans omettre ni supprimer le moindre couplet, le seul à parler, la famille n'ayant pas souhaité adresser le moindre hommage au disparu.

Et l'ecclésiastique ne semblait pas connaître la moindre ponctuation qui eût permis d'apprécier son discours. J'ai pensé, à un moment, qu'il faisait un boulot, certes bien mais un boulot tout de même. D'ailleurs, au moment de la lecture de l’Évangile ou à la récitation du Notre Père, il ne demanda pas que l'assistance se lève, et personne (ou presque) ne se leva. On lui avait demandé de faire court : contrat rempli. Mais alors pourquoi réclamer une cérémonie ?

Et puis, derrière moi, deux vieillards qui ne cessèrent pas, d'un bout à l'autre, de bavarder, voire de glousser. J'eus beau me retourner plusieurs fois en espérant les impressionner par un regard peu amène (c'est le cas de le dire), rien n'y fit. Et il continuèrent sur le parvis en attendant la sortie du cercueil. Sans doute deux pensionnaires de la maison de retraite médicalisée voisine trop heureux de s'être trouvé un motif d'occupation pour l'après-midi.

Et sur ce parvis, où s'épanouissaient les tignasses blanches et où se plantaient autant de cannes pour ne pas tomber, je me suis demandé combien il en resterait dans une dizaine d'années. En une seconde, le parvis s'est soudainement vidé. Sinistre constatation. Je vous épargne le détour par le cimetière...

2 commentaires:

Cornus a dit…

Pour la dernière cérémonie à laquelle j'ai assisté, l'église, sans curé, était pleine à craquer et cela avait été assez sobre (bien qu'un poil long) et personne n'avait emmerdé personne.

Calyste a dit…

Cornus : moi, en ce moment, je suis saturé de tous ces enterrements, quelle que soit la forme qu'ils prennent.