mardi 5 décembre 2017

Ras le bol

Ce matin, en allant voir sur mon site lesquelles de mes photos avaient eu l'heur d'attirer des visiteurs aujourd'hui, j'ai été bien surpris d'y trouver un certain nombre de celles prises à San Miniato lors de nos vacances à Lucca en 2014. Surpris car ce ne sont pas celles qui attirent le plus de monde.

Mais, en ouvrant la radio, j'ai compris : Jean D'Ormesson est mort la nuit dernière ! Et ceux qui se sont aventurés sur Flick'r ont commis la même erreur que moi il y a trois ans : ce San Miniato, proche de Pise, n'est pas San Miniato al Monte, près de Florence et célébré par l'académicien dans son roman : Le Bonheur à San Miniato.

Depuis, chaque fois que j'ai écouté France Inter, j'ai eu droit à des rediffusions d'émissions où l'immortel était interviewé, à des éloges dithyrambiques et circonstanciés de la part de politiques ou d'académiciens, au rappel insistant qu'il fut l'académicien le plus jeune lors de son élection, qu'il connut l'honneur d'être publié à la Pléiade de son vivant, etc. Et je crois que cela se poursuit ce soir.

De grâce ! Certains, pourtant, plus perspicaces tout en restant prudents, se demandaient (avec raison, à mon goût) si son œuvre resterait ou s'il n'était pas davantage un personnage médiatique. Pour ma part, je n'ai lu qu'un de ses romans, Histoire du juif errant, dont je me souviens pour deux raisons : un style très français, une belle langue, mais un ennui profond. La forme ne suffit pas à faire un grand roman, il y faut aussi du fond !

Le voir souvent à la télévision, à Apostrophes par exemple, m'a d'abord amusé (le bonhomme ne manquait pas d'humour) puis immensément  lassé (son humour était devenu bien souvent prévisible et lui semblait trop content de ses "phrases"). Avant que je ne lise la biographie de Talleyrand par Orieux, qui m'a réhabilité ce grand politique, je lui comparais souvent D'Ormesson (pour son ambiguïté politique par exemple : directeur du Figaro dînant avec Mitterrand et médaillé par Hollande)  et étais bien près de lui adresser la célèbre phrase de Napoléon au Prince de Bénévent : "Monsieur, vous êtes de la merde dans un bas de soie !". Mais j'ai changé d'avis...... sur Talleyrand.

Je ne retiendrai de lui qu'une seule phrase qui me convient : " Le bonheur est une forme de politesse".

4 commentaires:

CHROUM-BADABAN a dit…

On peut vivre très bien sans avoir jamais lu une ligne du phraseur Jannot d'Ormesson. Il a un patronyme conforme à son allure : toujours le dernier arrivé au Tour de France.
Un seul bienfait : La Pléïade, les pages serviront à rouler du tabac en cas de disette...
En revanche on ne pourrait pas bien vivre sans avoir côtoyé au moins une fois dans sa vie, François Rabelais, Molière, Django Reinhardt, Fernandel, Alain Bashung, Otis Redding, Pablo Picasso, Janusz Korczak, etc, etc, etc.

Cornus a dit…

Je ne partage pas ton avis sur d'Ormesson. Ses livres sont assez difficiles à lire et parfois auto-centrés (exemple de la "Douane de mer"). J'ai laissé tomber la lecture de "La gloire de l'empire", mais "Au plaisir de Dieu" est plus accessible.
Cela a été clairement un homme de droite qui a pratiqué la censure du temps de Giscard et en même temps son œuvre et certains aspects de sa personnalité sont plus humanistes, libérales, sociales. Un homme plein de paradoxes en réalité et je conçois que l'on ne puisse pas l'apprécier. C'était un véritable cabot, un faux modeste qui avait besoin de reconnaissances et qui la recherchait sans cesse. A défaut de partager ses idées et points de vue, j'aimais bien sur le tard sa bonne humeur, ses récitations des textes de Chateaubriand ou d'Aragon ou certaines "âneries" qu'il pouvait raconter.

CHROUM-BADABAN a dit…

Et sans oublier Johnny !

Calyste a dit…

Chroum : dis donc, tu as les moyens pour rouler ton tabac dans les pages de la Pléiade !
Pour Jojo, voir article suivant.

Cornus : tu as tout à fait raison de parler de "faux modeste".