jeudi 9 novembre 2017

Il y a des jours comme ça !

Le neuf novembre, dans l'Histoire, a été riche d'événements importants : c'est ce jour-là, en effet, que De Gaulle est décédé (1970), ce jour-là que l'empereur Guillaume II abdiqua en Allemagne (1918), que Napoléon Bonaparte réussit son coup d'état (1799, 18 brumaire an VII), qu'eut lieu le pogrom de la Nuit de Cristal à l'instigation de Goebbels (1938).

Enfin, le 9 novembre 1989 tombe le mur de Berlin. Je me souviens que, ce jour-là, j'ai pleuré devant la télévision. Pour moi, c'est encore aujourd'hui un des événements historiques les plus marquants du XX° siècle. Et cette évocation me rappelle de nombreux souvenirs, antérieurs ou postérieurs.

L'année précédente (1968), le Printemps de Prague que n'avait pas attendu une amie tchèque de ma mère pour se réfugier en France avec son mari (et le frère de celui-ci)  et son fils encore enfant. Je me souviens des deux hommes adultes aidant mon père à rentrer les foins dans notre ferme et la force qui se dégageait d'eux auprès de qui mon père, pourtant plus que costaud, paraissait un quasi freluquet. Je me souviens aussi de leur ébahissement en voyant pour la première fois un saucisson entier et des oranges. Le fils aîné a ensuite rejoint sa fiancé à Prague. Les autres ne sont jamais repartis.

Je me souviens de la peine que j'avais éprouvée, dans les années soixante-dix, à Vienne en voyant que Budapest n'était qu'à à peine plus de 200 kms et que nous ne pouvions nous y rendre, Pierre et moi. C'est la seule fois où j'ai ressenti "physiquement" la présence du mur. Et mes vingt ans turbulents et avides de liberté ne pouvaient supporter cet interdiction (et l'enfermement des autres, de l'autre côté).

Je me souviens enfin de mon premier voyage à Prague, en 1990, de mon passage, le 14 juillet, de la frontière avec l'Allemagne de l'ouest. Ce jour-là, pour honorer la France, les visas venaient d'être supprimés. Je dois encore avoir dans mes vieilleries celui que nous avions fait établir avant notre départ. Je me souviens des difficultés à trouver à manger correctement à Prague mais aussi de la joie enfantine qui y régnait et du bonheur que partout on y sentait, de ce vieil hôtelier en Slovaquie qui n'avait pas compris qu'une page d'Histoire venait de se tourner et qui nous hurlait encore aux oreilles "visum, visum ! " en allemand. Sa fille, beaucoup plus jeune, aplanit  la difficulté. Enfin, je me souviens du marché de cette même ville de Slovaquie où deux paysannes fatiguées ne vendaient que quelques poireaux sur la place centrale.

Voilà ce à quoi, chaque année, je pense un neuf novembre.

3 commentaires:

Cornus a dit…

En 1989, je me souviens que notre prof d'histoire (j'étais en terminale) nous avait prévenu qu'il pressentais l'effondrement du bloc soviétique dès le mois de septembre (je pense que c'était allé plus vite qu'il ne l'imaginait). Par ailleurs, notre prof d'allemand nous avait fait étudier un article des presse dans lequel on parlait de l'ouverture exceptionnelle de la frontière durant un week-end de septembre-ocobre, ce qui avait permis aux "Trabbi-Stau" (Trabant 601) de venir à l'ouest, générant des embouteillage de de la fumée. Cela n'avait pas traîné derrière pour que le mur et le rideau de fer s'effondre.
Comme beaucoup, j'avais forcément bien vécu la chose, sans me rendre compte de sa réelle ampleur. En revanche, je n'ai jamais compris ces "intellectuels" qui s'attendait à la "fin de l'histoire" et dont on a beaucoup trop parlé un peu après.
Sinon, ma mère était encore à la maternité quand le général est décédé.

plumequivole a dit…

Cornus > C'est avec des repères comme ceux-là qu'on mesure vraiment la distance (en âge) qui nous sépare ! J'avais 22 ans quand le général a oublié de respirer, et j'étais déjà allée "derrière le rideau de fer". C'est fou, non ?

Calyste > Prague et autres villes (et villages) j'ai parcouru 2 ans après le Printemps (69), c'était pas la joie vu l'occupation militaire soviétique, mais pour ce qui est des ressources alimentaires, je n'ai pas tellement remarqué la pénurie dont on parlait tant à l'Ouest. Et d'ailleurs j'ai pris...5 kilos durant mon long séjour !!! Plus lourde à mon souvenir était (outre le flicage serré) la totale pénurie d'informations sur le monde. Moi qui ne suis pas une grande bavarde, j'ai dû passer des soirées à répondre à des tas de questions ! Heureusement qu'il y avait la Pilsen pour me délier la langue...

Calyste a dit…

Cornus : moi, j'allais bientôt finir on lycée !

Plume : nous avons fini par trouver à Prague, une sorte de Mcdo russe qui se donnait de grands airs (avec piano et pianiste) où l'on mangeait suffisamment (avec une bonne dose de honte, tout de même).
- Ah ! la bière tchèque !