mardi 15 mars 2016

Lettre à Madame

Madame,
je vous ai rencontrée un jour, il y a très longtemps. J'étais encore très jeune mais j'ai su tout de suite que je vous aimerai toujours. Et, je vous l'avoue aujourd'hui, cet amour pour vous n'a jamais faibli.

Partout je vous voyais, j'entendais votre voix si douce, vos intonations charmantes. Vous m'avez accompagné dans les années d'études, au primaire où je vous ai découverte, au lycée où je tentais de vous écrire des poèmes, maladroits mais sincères, à l'université où je ne supportais pas que l'on vous maltraite. Je ne vous ai jamais trahie, si ce n'est quelquefois par inadvertance.

Aujourd'hui, certains prétendent que vous avez vieilli, que vous êtes devenue un peu trop rigide, que d'autres sont plus belles que vous. Pour moi, vous avez gardé tous vos charmes, malgré vos caprices, malgré votre allure parfois altière. On vous trouve compliquée, je vous aime subtile. Et je ne comprends pas que l'on veuille vous rajeunir.

Bien sûr, pour vous approcher, pour vous apprécier, il est besoin d'efforts. Vous n'êtes pas du genre à vous donner à tous. C'est ce que j'aime en vous car, lorsque l'on vous a approchée, on ne peut guère en aimer d'autres : on peut les trouver belles, avoir envie de les connaître, mais, au fond des cœurs, c'est vous qui gardez la première place.

J'ai appris que l'on vous célèbre pendant quelques jours cette semaine, et ce n'est que justice. Mais c'est tous les jours que l'on doit vous célébrer, Madame, parce que vous êtes une grande dame, vous êtes ma Langue.

Humblement vôtre.
Calyste

5 commentaires:

karagar a dit…

une énigme, en somme...

Cornus a dit…

Et la langue, ça sert à tellement de choses... Difficile de s'en passer en effet. Je ne la donne pas au chat, personnellement.

Calyste a dit…

Karagar : non, une évidence !

Cornus : pour moi, elle me sert surtout à rêver.



karagar a dit…

Te connaissant, oui, j'y ai pensé d'emblée, mais ton texte laissait penser qu'elle était en vie, donc j'ai cherché ailleurs...

Calyste a dit…

Karagar : mais comment ça ! Elle est bien en vie, la langue française ! :-)