mercredi 26 novembre 2014

Deutschkurs

Et les cours d'allemand ? me direz-vous, ou peut-être ne me direz-vous pas. Ça avance, ça avance, lentement mais sûrement. Au début, le "Lehrer" allait beaucoup trop vite à notre goût et, allemand lui-même, semblait incapable d'expliquer clairement les particularismes de sa langue. Et il semblait ne pas comprendre que nous ne comprenions pas.

Résultat : une petite réunion pour quelques-uns d'entre nous après les cours, sur le trottoir. De l'avis général, il fallait faire quelque chose. L'un des plaignants envoya donc un mail au-dit "Lehrer" pour lui expliquer nos doléances. Fort heureusement car, pour ma part, je saturais et regrettais presque de m'être inscrit.

Depuis deux cours, tout va mieux. il prend plus de temps pour expliquer, écrit davantage au tableau, a fait des efforts en explications grammaticales et, cerise sur le gâteau, sourit plus volontiers. De mon côté, j'ai plus de temps pour potasser un peu plus dans le détail. Et ça commence à rentrer. Certes pas encore au point de lire Goethe dans le texte mais ça n'a jamais vraiment été mon but.

Beaucoup de gens à qui je parle de ces cours me demandent, surpris : "Pourquoi l'allemand ?". A cela deux réponses possibles. La courte, sans commentaires, quand je vois qu'il serait inutile d'essayer de convaincre ceux qui pensent que c'est une langue très laide parce que trop gutturale : "Pourquoi pas ?". La deuxième, réservé à ceux, plus ouverts, qui sont à même de l'entendre : "Pour le plaisir". Et là, en général, une conversation intéressante s'engage.

J'ai toujours eu envie d'étudier cette langue, depuis mon enfance (et ce ne sont pas mes parents, enfants pendant la dernière guerre, qui m'ont poussé en ce sens, loin de là !). Depuis exactement le jour où j'ai découvert chez eux un très vieux livre d'allemand que je possède encore et dont je n'ai jamais su d'où il pouvait bien sortir. Comme je détestais l'anglais (pourquoi employer l'imparfait ?) et que c'était ma seule langue vivante (je faisais à côté de ça du latin et du grec), je me suis rabattu sur l'allemand dont les mots à rallonge me fascinaient.

Adulte, j'ai appris l'italien, également pour mon plaisir et parce que je voyageais souvent en pays transalpin (pourquoi encore une fois l'imparfait ?). Mais, dans un petit coin de ma tête, je gardais mon idée fixe, confortée même par le côté "intellectuel" de l'allemand et le fait que j'étais, avec le latin-grec, parfaitement familiarisé avec le système des déclinaisons.

Alors, la retraite était le bon moment pour me lancer et, par boutade, je répondrais à ceux qui ne voient pas l'intérêt d'étudier une telle langue ce que j'ai un jour répondu à un petit prétentieux qui me posait la même question à propos des langues anciennes : "Parce que ça ne sert à rien (ce que je ne crois pas une seconde), et que faire quelque chose qui ne sert à rien, c'est un luxe que peu de gens peuvent se payer."

10 commentaires:

plumequivole a dit…

Eh bien moi je te comprends sans peine. J'aurais bien voulu me remettre à l'allemand (mon unique langue vivante en scolaire et ma langue paternelle en partie) mais mes relations avec cette langue sont depuis le début tellement conflictuelles, du genre je t'aime/je te hais, que je crois que ça restera un problème non réglé.
Je me console en chantant Mozart et Bach sous la douche...:)

Anonyme a dit…

L'allemand pour lire Rilke dans le texte. Un rêve qui pour moi restera un rêve ! Anna

Jérôme a dit…

Bon, alors n'oublie pas les majuscules aux noms: Lehrer ;-)

Tant mieux si tu te débrouilles avec les déclinaisons (moi, je galère toujours mais surtout à cause du genre des mots).
Sinon, si tu y vas (pourquoi au conditionnel?), tu seras un peu déçu par "l'intellectualisme" et au quotidien, ils emploient un tas de mots anglais!

Cornus a dit…

Je sais que je ne pourrais pas apprendre une langue, tant je suis psychorigide et rétif à la chose, pour ne pas dire handicapé. Et en même temps, j'envie tous ceux qui parlent, lisent et comprennent plus d'une langue comme moi. Je n'aime pas non plus que l'on résume l'allemand à l'aspect guttural. Et quand bien même...

Calyste a dit…

Plume : moi, sous la douche, c'est plutôt Dalida. mais tu m'ouvres des horizons !

Anna : il n'est jamais trop tard pour se faire plaisir !

Jérôme : Merci. Corrigé. J'ai sans doute été emporté par la "gauloisitude". Je parle d'intellectualisme pour la langue, pas forcément pour le peuple. Mais là où tu m'inquiètes, c'est quand tu me dis qu'ils emploient beaucoup de mots d'anglais.

Cornus : merci de ton soutien. Et Fromfrom n'a même réussi à t'apprendre le breton ?

karagar a dit…

L'allemand était ma première langue (avant latin puis anglais puis breton)- c'était une obligation, ma mère était germanophone, germanophile et savoir l'allemand la plus grande preuve d'intelligence/civilisation qui soit à ses yeux. Mon rapport à cette langue n'est pas sans quelques similitudes d'avec celui de Plume.
Je dois dire que ton affirmation répétée de ta haine de l'anglais me choque un peu, pas seulement pour des raisons intimes, mais parce que moi même je n'oserais affirmer telle chose d'aucune langue du monde. J'ai entendu de l'anglais magnifique et de l'anglais insupportable (et je pourrais en dire autant du français qui se décline sous le meilleur et le pire aspect) et je crois surtout, mais peut-être me trompé-je, que tu fais reposer sur cette langue la responsabilité des nombreux comportements stupides qui la concernent.

André a dit…

Bravo! C'est si rare un Francais [pardon, je me trouve en Espagne avec un clavier sans cédille] qui s'intéresse à la langue et à la culture les plus importantes et enrichissantes d'Europe de l'ouest. Le théâtre, les romans, les télés de qualité sont ouverts sur leurs voisins -- particulièrement sur leurs voisins slaves dont les médias francais ne parlent jamais, ainsi que sur les autres continents. Comprendre l'allemand c'est s'ouvrir au monde de manière vivante, intelligente, stimulante. Rien de comparable avec ce qui s'écrit ou se produit dans cette France qui s'enfonce sans fin et fait honte à tous les francophones qui vivent hors de l'héxagone.

Calyste a dit…

Karagar : oui, tu as raison. J'ai appris l'anglais dans un lycée fréquenté pratiquement uniquement par la très grande bourgeoisie stéphanoise et j'ai bêtement établi un lien entre les deux, avant de m'apercevoir bien plus tard, par des livres ou des films, que le monde ouvrier existait aussi en Angleterre et qu'il était même très actif et très intéressant. Par ailleurs, j'ai toujours aimé beaucoup la littérature anglaise. Mais pour la langue, j'ai raté le coche. Et je n'ai jamais pu me départir de ma méfiance vis à vis de cette langue, d'autant quand je vois quel usage comme tu dis absurde on en fait en France.

Calyste a dit…

André : je me sens français, bien sûr, mais je me suis toujours aussi senti européen. Lorsqu'en 89, le mur est tombé, j'avais 37 ans et j'ai pleuré comme un gamin. C'est sans doute un de mes plus grands souvenirs. Qulequs années plus tôt, j'étais allé à Vienne et avait vu des panneaux routiers indiquant la direction de Budapest, inatteignable à ce moment-là. Je m'étais senti handicapé, privé de quelque chose qui faisait aussi partie de moi.

christophe a dit…

Je me retrouve dans ce que dit Plume. Allemand en LV1, pour que je me retrouve dans les "bonnes classes", un père qui espérait sincèrement que j'allais lui filer un coup de main dans son boulot, et ma grand-mère adorée qui détestait les Allemands pour cause de guerre (son père à la Guerre de 14, son mari tué par les balles allemandes durant la 2nde). Résultat, j'ai coupé la poire en deux : j'ai toujours aimé la grammaire allemande et je n'avais guère de problème de déclinaison, même à l'oral, mais j'avais toutes les peines du monde à retenir le vocabulaire... Une poire coupée en deux qui ne permet guère de faire des étincelles malheureusement...