jeudi 6 juin 2013

Sensiblerie

Dans un mois, ce sera fait. J'ai beau, consciemment, en être ravi, il me vient fréquemment, en ce moment, une sorte de vulnérabilité des sens qui, chaque fois qu'elle m'assaille, lorsque je suis seul, me laisse tout pantois. Mon inconscient me joue trop souvent le coup de "la dernière fois'".

Face aux troncs des arbres, qu'Hélène m'a dit contempler souvent elle aussi pour se ressourcer, des géants qui disparaissent un à un des hauteurs du parc parce que trop vieux, dangereux. Devant le  plan d'acanthes et les roses trémières, ou le bouquet de coquelicots contre le mur au soleil.

Face aux vieux bureaux des classes défraîchies, à l'alignement un peu de guingois après le départ des élèves. Devant le placard dont j'ai seul la clé et qui est encore rempli de mon monde.Qui s'en servira une fois que je ne serai plus là ? Dans le couloir dont le sol imprime le reflet des fenêtres ensoleillées.

Face à la vue sur Lyon, à l'est s'étendant jusqu'aux massifs des Alpes et à mes pieds déroulant ses toits serrés de tuiles romaines.  Devant la façade, autrefois recouverte de vigne vierge, où le soleil joue certains soirs, sa meilleure symphonie.

Bientôt sera le jour où je donnerai un dernier tour de clé, où je quitterai la vue, et l'odeur, et le bruit qui m'ont accompagné depuis tant d'années. Alors, bien vite, je retourne jouer avec mes petits camarades. Eux seront là encore longtemps.

Les pauvres....

6 commentaires:

Unknown a dit…

Je suis passée le we dernier dans mon dernier lieu de travail. Je n'y avais bossé que 5 ans, mais n'empêche, en l'espace de quelques minutes, un escalier, une cuisine, une salle de cours à peine entrevue, le porche des fumeurs...et voilà les souvenirs qui se précipitent !

Cornus a dit…

Après autant d'années, ça risque de faire drôle. Moi qui vais avoir déjà 11 ans de boutique, je peine à m'imaginer ailleurs, du moins pour l'instant.

Calyste a dit…

La Plume: alors, tu imagines 33 ans ! Mais, en regardant tout ça, j'ai presque l'impression déjà que ce sont des souvenirs.

Cornus: pourquoi ailleurs, si tu es bien où tu es ? Quand je suis arrivé dans ce collège, je m'étais dit "Tu ne finiras pas l'année ici!". Tu vois ce qu'il en est...

Cornus a dit…

Ailleurs parce que je crains toujours que nous n'ayons plus les moyens financiers pour continuer nos missions en période de disette budgétaire et qu'on considère notre travail comme superflu. Par ailleurs, malgré l'avenir incertain, je ne vois pas ce que je pourrais faire d'autre si je devais changer de métier. Et je pense à celles et ceux qui se font mettre à la porte du jour au lendemain et ont du mal à trouver du boulot ensuite dans d'autres disciplines. Bon, on n'en est pas là, hein.

Calyste a dit…

Cornus: je n'avais pas pensé à ça, dont j'ai pratiquement toujours été protégé dans l'enseignement, même privé.

Cornus a dit…

Nous assurons une majorité de missions de délégation de service public. Les salariés d'autres structures strictement analogues à la mienne mais dans d'autres régions n'ont pas ce souci car ils sont fonctionnaires territoriaux ou de l'État ou assimilés.