mardi 30 décembre 2008

Les heures.

Les heures, toujours les heures. Dans l'Antiquité, avec la majuscule, elles étaient filles de Zeus et de Thémis et sœurs des Moires, les Destinées. Elles sont trois, au départ divinités des Saisons puis personnifications des heures du jour. Leurs premiers noms furent traduits par Discipline, Justice et Paix, mais les Athéniens les rebaptisèrent bientôt, leur prêtant des patronymes évoquant l'idée de pousser, de croître et de fructifier. Dans une légende tardive, l'une d'entre elles, d'ailleurs, épousa Zéphyr, le vent du printemps, dont elle eut un fils: Carpos, le Fruit. Double rôle donc: divinités de la nature (cycle de la végétation) et divinités de l'ordre social. (Ne vous extasiez pas sur mon savoir: ces renseignements précis sont tirés du Dictionnaire de la Mythologie grecque et romaine, de Pierre Grimal, aux Presses Universitaires de France.)

Aujourd'hui, les heures ont perdu leur majuscule et leur aspect divin, bien que ce soit elles qui règlent encore notre vie la majeure partie de l'année et que l'on retrouve toujours dans cette répartition arbitraire du temps les deux aspects de maturation (et de mort) d'une part et de contrôle social et de rentabilité d'autre part.

Si je respecte pour l'instant de façon presque maladive la structuration de la journée de travail par des horaires précis, si j'ai par exemple horreur d'être en retard (même dans ma vie privée) ou absent, je me demande ce que va devenir cette contrainte que je m'impose dans ma vie active lorsque je serai à la retraite. Si je prends comme indice mes horaires de vacances, il est bien évident que je n'aurai plus alors aucun repère traditionnel.

Mon penchant naturel me pousse à veiller très tard, à ne me coucher que lorsque je ne peux vraiment plus faire autrement, la fatigue me fermant les yeux d'autorité. J'ai d'ailleurs de plus en plus de mal à admettre qu'il faille à tout prix reposer le corps pour son bon fonctionnement du lendemain. Je vois ce repos comme un gaspillage d'un temps que l'on pourrait consacrer à d'autres activités plus intéressantes et formatrices.

C'est d'ailleurs peut-être pour ça que mon cerveau se fait un malin plaisir de me réveiller la plupart du temps quelques heures seulement après mon endormissement, prêt à fonctionner de façon tout à fait claire, alors que je ne lui ai rien demandé.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Question très intéressée (et indiscrète) à quoi est-ce que tu occupes tes moments d'insomnie ? Ou plutôt : où vagabonde ton cerveau dans ces moments- là ?

J'ai plusieurs fois moi-même vaguement envisagé de faire une note sur ce sujet, même si, heureusement, mes insomnies à moi sont plus rares, et plus courtes, qu'à une certaine époque.

Calyste a dit…

Ça dépend: il y a quelque temps, les angoisses arrivaient très vite. Maintenant, je revois la journée passée et la remodèle, ou bien je prépare déjà la suivante, pour rien puisque le lendemain se montre toujours différemment. Moi aussi, en général, je me rendors plus rapidement aujourd'hui. Si les symptômes persistent, je prends mon bouquin, en essayant de ne pas compter combien de temps il reste avant la sonnerie du réveil.