samedi 14 juillet 2012

S'en tenir à l'apparence

Pourquoi lires les livres? Ne peut-on les aimer comme ça, sans les ouvrir, les effleurer d'abord avant de les acheter parce qu'ils sont beaux, parce qu'ils sentent bon, parce que le papier en est doux, et puis les oublier peu à peu sous un voile de poussière ? Ne craint-on pas, en les lisant, d'être déçu à décrypter tous ces minuscules signes noirs qui en couvrent les pages et en distillent le sens ? Ne peut-on se lasser de la répétition, de l'affectation, du mystère trop évident ou jamais percé ? Ne peut-on se perdre dans une histoire trop compliquée pour être honnête et dont, finalement, on découvre qu'elle est bien plate ? Et même si le plaisir est intense à la découverte, combien dure ce plaisir avant qu'un autre vienne le reléguer au rayon des souvenirs que la mémoire transforme pour se l'approprier ?
Il y a dans la lecture quelque chose qui ressemble au désir. Y succomber, n'est-ce pas déjà le tuer?

5 commentaires:

Jérôme a dit…

Tu t'amuses en écrivant ces mots, auxquels tu ne crois pas! Succomber au désir entraîne soit le plaisir (si le livre tient ses promesses), soit la frustration... dans les deux cas, c'est la porte ouverte à la prochaine montée du désir, devant une nouvelle couverture ou dans la relecture.

P. P. Lemoqeur a dit…

La lecture comme acte érotique.
Mais c'est que c'est pas faux !
Je me suis toujours demandé pourquoi les livres qu'on doit tenir à deux mains, genre Très Sainte Bible, intégrale Claudel dans la Pléiade, Homère ou Marquis de Sade étaient toujours moins excitants que d'autres...

Calyste a dit…

Jérôme: sans doute un peu mais pas totalement.

P.P: personnellement, j'aime bien avoir les deux mains occupées mais je n'apprécie guère, c'est vrai, les poids sur l'estomac.

Didier M a dit…

Mais il y aussi ce plaisir sans fin: celui de les avoir là, ensemble serrée les uns à côte des autres comme des petits soldats qui attendent qu'on leur demande de nous parler. C'est une merveille, un miracle sans fin. Aragon, Mann, Yourcenar, Sarraute,Cioran, Green...Ils ont tout dit et selon l'humeur du jour il suffit d'en prendre un entre les mains ( une ou les deux, quelle importance) et de partir se balader. Moi c'est avec Valéry que j'ai le plus de plaisir en ce moment. Mais je n'ai pas encoré décidé de celui avec qui je vais partir en vacances. Peut-être un jeune: Arthur Dreyfus et sa belle famille ou Mathieu Simonnet et ses carnets blancs.

Calyste a dit…

Didier: comme le dit Jérôme un peu plus haut, je me suis "amusé" à écrire ce billet. Sincérité de l'instant, suivie d'une autre sincérité le moment d'après. Idée qui passe par la têt et que l'on note, au cas où. Bonnes vacances alors (à deux?).