vendredi 7 mai 2010

Deuxième jour de correction

Nous avions le chauffage, et un peu de soleil, l'après-midi. Nous sommes, en français, installés dans le travail, au moins jusqu'à mercredi. Ceux de math ont déjà terminé.

Quel galimatias que ce vocabulaire employé par les linguistes et que les candidats régurgitent sagement, parfois sans le comprendre: segmentation de la chaîne écrite, procédure épellative, analyse phonographique experte, démarche logographique, procédure phonographique! Ça vous dit? Mon correcteur d'orthographe en est tout excité et souligne de rouge la moitié de ces mots! C'est la dedans que je suis condamné à nager pour quelques jours encore.

En Français, nous étions 21 à avoir été convoqués. 13 sont présents effectivement. Une fille que je connais est en congé maternité. Mais où sont passés les 7 autres à qui l'on devrait rappeler un peu plus fort que ces corrections font partie de leurs obligations de service. Il va falloir, comme d'habitude, se partager les copies restantes.

Un bel adulte de trente ans aujourd'hui, devant la machine à café. Un. Mais c'est vrai, j'ai autre chose à faire!

Deux binômes ont déjà terminé leur premier paquet et attaque le second. Comment peut-on sérieusement corriger aussi vite? Appât du gain, pourtant bien minime? Loterie institutionnalisée? Capacités hors norme de se concentrer? Envie de se débarrasser au plus vite. Ont-ils conscience que derrière ces copies anonymisées se cachent des êtres réels, dont certains ont beaucoup travaillé pour tenter de réussir à cet examen?

Si j'en croisais quelques-uns, je leur dirais qu'il faut être fous pour se lancer dans une pareille aventure. Sans même prendre en compte la part énorme de hasard dans l'attribution d'une note, même avec les barèmes les plus précis, le nombre ridicule de postes proposés in fine frise le mépris.

6 commentaires:

KarregWenn a dit…

Je ne sais pas ce que tu corriges, mais si j'en juge par mes bouts de conversations avec d'anciens stagiaires passeurs de concours IUFM, on n'a pas à s'inquiéter, oui ils régurgitent, non ils n'ont pas toujours tout compris mais en sont conscients, oui ils rigolent eux-même du galimatias que tu évoques, et oui ils savent que ce ne sont pas les concours qui feront d'eux de bons enseignants, ce qui reste leur grand souci, leur grand doute. Et ça, moi ça me rassure.

Cornus a dit…

Un ancien ministre amateur de mammouths avait dénoncé en son temps ce vocabulaire abominable, en particulier les "géniteurs d'apprenants" (= parents) ou le "référentiel bondissant" (= ballon). Un jour, en lisant en diagonale les programmes (école maternelle il me semble) quand Fromfrom préparait le concours, j'en ai vu un autre : "espace graphique" (= feuille de papier). On a bien une petite idée des termes dont tu parles, mais ça énerve quand même d'en voir certain prendre un malin plaisir à trouver ces terminologies non justifiées dans le cadre pédagogique.

Calyste a dit…

Preuve de leur santé d'esprit, KarregWenn. Moi, ce qui me gêne le plus, c'est de décider, à l'aveugle, de l'avenir des gens. Comme je le dis, derrière ces numéros, ce sont des êtres bien vivants et espérant réussir à qui j'ai affaire. Et comment décider, sauf exception, que celui-ci fera un meilleur pédagogue que celui-là?

Bien sûr qu'on voit ce dont il s'agit, Cornus, mais on pourrait sans doute être plus simple. Moi, j'ai horreur, en pédagogie, de ces spécialistes qui se cachent derrière les mots pour, la plupart du temps, masquer une incapacité totale à enseigner, à regarder un gamin en face tout au long d'une année et à le faire progresser. Ce que j'aime dans ce métier, c'est le contact, le vivant et je me fous des mots employés pour tenter de le décrire.
Fromfrom préparait le concours, dis-tu, et alors: explique! elle est dans l'enseignement?

Cornus a dit…

Eh bien Calyste, je pensais que tu savais ce que faisait Fromfrom. Je ne vais pas tout dire ici, alors je le fais par courriel.

Lancelot a dit…

"procédure phonographique" ! Je ne l'avais jamais entendue ni lue, celle-là... Ca évoque pour moi le chien qui fourre sa tête dans le haut-parleur façon 'la Voix de son Maître'. Et c'est bien de cela qui s'agit. Ridicule, et au-delà. Comme tu le dis très bien, l'écart incroyable entre ce que l'on demande aux candidats dans la théorie et ce qu'ils devront faire en pratique, ça finit par en devenir presque obscène...

Calyste a dit…

@ Lancelot:Du haut-parleur sortait au moins, la plupart du temps, une musique agréable! Etre puis, il avait l'air gentil, le chien si je me souviens bien!