jeudi 18 mars 2010

Mars au musée

Visite annuelle au Musée de la Civilisation gallo-romaine de Fourvière avec les sixièmes. Si je devais compter le nombre de mes visites en ces lieux depuis leur création!!! La dernière (pour l'instant), c'était hier matin.

Heureux, il était le professeur. D'abord parce que globalement, ces élèves sont sympathiques et intéressés par ce que leur dit le vieux barbon qui pourrait être leur grand-père (ça me fait drôle, tout de même!). Mais surtout hier par le temps qu'il faisait. Premier vrai jour de printemps. Ensoleillé et frisquet le matin au départ. Immanquablement, je pense à nos voyages à Rome ou à Athènes en février, lorsque, après le petit déjeuner à l'hôtel, nous partions pour une journée de visites. Je levais le nez et, malgré la cigarette que je fumais encore à l'époque, je reniflais l'air, ce picotement de l'hiver qui s'en va, cette fraîcheur du renouveau qui vient, je regardais le soleil apparaître sur les façades blanches de l'Hellade ou ocres de la latinité, et j'étais heureux comme au premier matin des mondes. Chaud au retour à midi, à enlever les épaisseurs du matin, parce qu'aussi réchauffés par la marche.

Thermes (ce qu'il en reste), aqueduc, odéon, théâtre: le décor est en place. Je leur demande de fermer les yeux et de partir dans le temps, remonter vingt siècles et voir devant soi la splendeur de la capitale des Gaules, ce que devait être cette ville fière sur son éperon rocheux dominant toutes les plaines alentour et n'ayant, en vis à vis que l'opulence et la beauté du Mont-Blanc. Expliquer les rues, les boutiques, les égouts, les citernes, les remparts, puis, à l'intérieur du musée, les mosaïques, les fresques, les trésors, les objets de la vie quotidienne et ceux du culte des dieux ou de celui des morts, les vestiges de cet amphithéâtre où, chaque année, se réunissaient les représentants de chaque peuple gaulois, deux par peuple dont le nom était gravé sur les sièges de pierre.

Je ne me lasse jamais de transmettre ce savoir. Depuis peu, on a également la possibilité de prendre des photos, à usage personnel bien sûr. Les enfants, sans doute encouragés par mon exemple (double motif de bonheur), ne s'en sont pas privés et, s'il fallait parfois les rappeler à l'ordre, je pense cependant que cette possibilité nouvelle les a, au final, rendus plus attentifs et plus curieux qu'auparavant. Les Tables Claudiennes (discours de l'empereur Claude, gravé sur deux plaques de bronze dont, hélas, il manque la partie supérieure, pour commémorer le Droit de Cité accordé aux lyonnais) et la mosaïque de la course de chars (dans le cirque, jamais retrouvé, de Lyon) les ont particulièrement attirés.

Je leur ai aussi montré la beauté, selon moi, de cette cathédrale de béton et de son pan incliné enroulé sur lui-même, sa façon si particulière de faire corps avec la colline et le théâtre, de disparaître sous la verdure des pentes. Je ne sais pas ce qu'ils retiendront réellement, ce qu'il oublieront, ce qu'ils déformeront, mais n'est-ce pas cela, le travail d'un enseignant, cette folie douce de croire en l'éducabilité, cet espoir enraciné que les paroles semées germent un jour pour porter les plus beaux fruits? Et même s'il y a de la perte, qu'importe, si le grain ne meurt...

5 commentaires:

Lancelot a dit…

La perspective dans la photo est absolument géniale et colle très bien à ton texte. C'est toi qui l'as prise ?
(Oui, bon, question idiote. Autant te demander si c'est toi qui as écrit ton texte... ;-) )

Petrus a dit…

Cela me rappelle l'école Jean Zay de Villeurbanne et notre visite sur le site et son musée...Je m'en souviens encore...

Calyste a dit…

Merci pour le compliment, Lancelot. Bien sûr que la photo est de moi, comme toujours.

Avec ton petit camarade, Petrus ?

Cornus a dit…

J'ai visité ce musée pour la première fois fin 2008. Il y a de fort belles pièces, mais je le trouve complètement dépassé du point de vue de la muséographie et je n'aime pas ce béton brut de décoffrage façon blokhaus très années 1970. Cela aurait besoin à mon avis d'un bon coup de jeune. Je n'avais pas pu faire de photos. Il n'y a rien de bien palpitant sur les aquaducs, en particulier l'aqueduc du Gier. Je trouve ça vraiment dommage.
Pour l'extérieur, ça va, rien à redire, c'était original de faire ça à flanc de coteau.

Calyste a dit…

Je reconnais que je ne suis pas toujours objectif avec ce qui touche à l'archéologie, Cornus. Moi, au contraire, j'aime bien ce côté brut. Un seul gros défaut pour moi: il est extrêmement sonore.