mardi 16 mars 2010

La Vérité

Ne pas écrire hier soir. Rester dans la seconde zone. celle du bien-être, proche du sommeil, celle où l'on sait que l'on s'endormira sans difficulté. Ne pas réveiller la machine. Je parviens peu à peu à me coucher (un peu) plus tôt et à "faire" mes nuits. Le bien-être, hier, venait du film, sur Arte. Inaugurant un cycle H-G Clouzot, la chaîne franco-allemande diffusait La Vérité, avec Brigitte Bardot et Sami Frey. Rien que ces trois noms, Bardot, Clouzot, Frey, avaient de quoi m'attirer.

Clouzot, c'est entre autres le souvenir ambigu des Diaboliques avec sa femme Vera et Simone Signoret, duo d'anges noirs. Bardot, c'est le mythe, l'explosion de la sensualité dans Et Dieu créa la femme, où nous avons tous les yeux de Trintignant. Samy Frey, c'est la beauté d'un visage irradiant la lumière et les ténèbres à la fois, visage que je pus, plus tard, dans sa maturité, examiner de près dans une petite salle du TNP à Villeurbanne. Alors qu'il jouait Pour un oui, pour un non, de Nathalie Sarraute avec Jean-François Balmer, il vint s'asseoir devant moi, à nous toucher les genoux, pour réciter son texte. Je n'avais pas osé bouger un cil, ce jour-là, par respect pour cette sorte de transe qui l'habitait.

Hier, le couple vedette, était, années soixante, d'une beauté à couper le souffle, dans tous les retours en arrière (oui, je sais, on peut aussi dire flash back!) relatant la relation passionnée et malheureuse de ces deux êtres au départ si dissemblables. La tragédie se nouait peu à peu, à chaque souvenir, à chaque témoignage, aussi sûrement que dans l'orchestra d'un théâtre antique.

Et puis il y avait tous les autres, ceux que l'on peut nommer aisément, ceux, parmi les grands, que l'on retrouve toujours avec plaisir et un peu de nostalgie: Paul Meurisse, Charles Vanel, Marie-José Nat, Louis Seigner (immortel banquier florentin des Rois maudits). Et les autres encore? Ceux dont l'apparition fait sursauter de plaisir, que l'on connaît, que l'on reconnaît (Mais si, tu sais bien, il jouait dans ....), dont le nom est au bord des lèvres mais à qui l'on ne parvient jamais à en attribuer un: les seconds rôles, les faire-valoir fugaces mais efficaces, tous ceux-là qui faisaient admirablement leur métier sans jamais rêver d'être des stars.


Des noms dont j'ai retrouvé deux dans le générique: Jacky Sardou (oui, la mère de ...), une concierge trop sûre d'elle-même, et André Oumansky, play-boy tenancier d'une boîte de nuit mais grand cœur respectueux de l'autre. Ceux-là, la mémoire les sauve encore. mais qui joue le personnage du greffier, du secrétaire qui, à la demande du juge, énonce les faits, d'une voix acide et pressée, avec un profil de charognard? Pour lui, plus rien. Je l'ai déjà vu, c'est tout, autrefois.

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