mercredi 14 décembre 2016

L'Evénement

Après la déception de ma dernière lecture, j'ai voulu une valeur sûre. Le livre traînait depuis un moment sur ma commode, comme une trentaine d'autres achetés à bas prix chez Emmaüs. Annie Ernaux, voilà un écrivain que j'aime, depuis le premier que j'ai lu : La Place. Quelqu'un a dit d'elle, l'autre jour, je ne sais où, radio ou télé : "C'est un grand auteur français". Je partage cet avis.

Elle parle de petites choses, de riens, de la vie, de sa vie, sans recours à la fiction. Une écriture plate et blanche, mais précise et incisive d'où sourd toujours l'émotion. Lors de ses apparitions, rares, elle ressemble à ce qu'elle écrit : humble, discrète mais envoûtante.

L’Événement, c'est l'accouchement auquel elle a eu recours alors qu'elle était encore étudiante. Sujet délicat et qui demande du tact. J'étais presque gêné, moi un homme, en ouvrant ce livre. Il est splendide, comme d'habitude. Pas de militantisme, pas de provocation, pas non plus de dolorisme ni de plaintes. Et cette vérité qu'elle nomme si bien : Je m'efforcerai par-dessus tout de descendre dans chaque image, jusque ce que j'aie la sensation physique de la "rejoindre" et que quelques mots surgissent, dont je puisse dire, "c'est ça".
(Annie Ernaux. L'Événement. Ed. Gallimard.)

2 commentaires:

CHROUM-BADABAN a dit…

Cette femme a l'impudeur pudique !
Et le sens de la vie, la sienne et celle des autres...

Calyste a dit…

Chroum : c'est tout à fait ça, et tu le dis mieux que moi.