samedi 16 novembre 2019

Les saisons inspirent les écrivains

Mais qui, sans tricher, pourra me dire qui est l'auteur de ces lignes ?

J’aime l’automne, cette triste saison va bien aux souvenirs. Quand les arbres n’ont plus de feuilles, quand le ciel conserve encore au crépuscule la teinte rousse qui dore l’herbe fanée, il est doux de regarder s’éteindre tout ce qui naguère encore brûlait en vous.
Je viens de rentrer de ma promenade dans les prairies vides, au bord des fossés froids où les saules se mirent ; le vent faisait siffler leurs branches dépouillées, quelquefois il se taisait, et puis recommençait tout à coup ; alors les petites feuilles qui restent attachées aux broussailles tremblaient de nouveau, l’herbe frissonnait en se penchant sur terre, tout semblait devenir plus pâle et plus glacé ; à l’horizon le disque du soleil se perdait dans la couleur blanche du ciel, et le pénétrait alentour d’un peu de vie expirante. J’avais froid et presque peur.
Je me suis mis à l’abri derrière un monticule de gazon, le vent avait cessé. Je ne sais pourquoi, comme j’étais là, assis par terre, ne pensant à rien et regardant au loin la fumée qui sortait des chaumes, ma vie entière s’est placée devant moi comme un fantôme, et l’amer parfum des jours qui ne sont plus m’est revenu avec l’odeur de l’herbe séchée et des bois morts ; mes pauvres années ont repassé devant moi, comme emportées par l’hiver dans une tourmente lamentable ; quelque chose de terrible les roulait dans mon souvenir, avec plus de furie que la brise ne faisait courir les feuilles dans les sentiers paisibles ; une ironie étrange les frôlait et les retournait pour mon spectacle, et puis toutes s’envolaient ensemble et se perdaient dans un ciel morne. 

Comme d'habitude, je vous aide. Voici son portrait enfant :

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7 commentaires:

plumequivole a dit…

Je dis Flaubert, à cause du portrait que j'ai déjà vaguement vu quelque part. Mais le texte je ne connaissais pas. J'aime bien d'ailleurs.

Pippo a dit…

C'est certainement un écrivaillon de ce stupide XIXe siècle, ça je dis, moi.

Cornus a dit…

Le dessin me faisait penser à Chateaubriand, mais le texte ne correspond pas à ce que je connais de ses écrits. Donc, je pense que Plume a raison (sans avoir vérifié).

karagar a dit…

moi je pensais précisément à Chateaubriand, à cause du texte mais sachant que je ne connais del ui que Lagarde et MIchard...et il y a fort longtemps

plumequivole a dit…

J'ai vraiment hésité aussi et s'il n'y avait eu ce dessin qui me disait vaguement quelque chose j'aurais misé très fort sur Chateaubriant.

Calyste a dit…

A tous : eh oui, Plume a raison. Il s'agit bien de Flaubert. Moi aussi, lorsque j'ai découvert ce texte, j'ai pensé à Chateaubriand, pour l'atmosphère et aussi pour l'emploi du je.
Le texte est tiré d'un récit de voyage à quatre mains (avec son ami Maxime Du Camp). Douze chapitres (les pairs par Du Camp, les impairs par Flaubert). Le titre : Par les Champs et par les grèves (Voyage en Bretagne).

Cornus a dit…

Alors ça, c'est quand même quelque chose, tout le monde pense à Chateaubriand, mais pas toujours pour les mêmes raisons.