samedi 13 février 2010

Débarras

Depuis quelques jours, mon appartement s'est à nouveau transformé en véritable capharnaüm. Tout cela pour aménager une petite pièce débarras et la doter d'un grand placard mural où je pourrai ranger proprement ce qui restera après le tri draconien que je vais devoir faire.

Une nouvelle fois, comme après le vidage de la maison de Haute-Savoie, plusieurs pièces, celles dont je me sers le moins, c'est-à-dire principalement la salle à manger et la chambre d'amis, sont encombrées d'un bric-à-brac innommable d'objets hétéroclites et pour la plupart inutiles. En vidant le débarras, j'ai été effaré par leur nombre. Combien, par exemple, ai-je de chemises? Plus de cent, à première vue. Je n'ai pas le courage de les compter. Sur ce total, combien en mettrai-je avant que ma famille ou des inconnus se posent la question de la dernière qui m'accompagnera sous terre? Il faut que je jette, que je donne, que je me débarrasse du trop-plein.

Certains de mes amis croient que je suis attaché aux objets, que je les thésaurise pour leur valeur. Aucunement! Quelle valeur a un vieux plat ébréché ou le survivant unique d'une série de verres tous cassés sauf celui-là? La plupart de ces objets qui m'encombrent sont attachés à un souvenir précis, à un moment qu'ils me rappellent lorsque je les manipule, ce que je fais le moins souvent possible parce que je connais la part en moi de nostalgie ou de mélancolie et que je ne tiens pas à y céder trop souvent. Une part importante mais qui pourtant s'évanouit lorsque je me suis défait de son support. Je n'ai jamais rien regretté de ce dont je me suis débarrassé.

C'est la quantité de choses à trier qui me fait peur. Alors, cet après-midi, comme d'habitude, j'ai regardé l'amoncellement poussiéreux dont j'ai bien pris garde qu'émergent les plantes vertes, j'ai pris le Journal de Sevran et je me suis allongé pour la sieste. Au réveil, je me retrouve ici, devant l'ordinateur, et je sais déjà qu'après, s'il fait encore un peu de clarté dans la rue, je sortirai, prenant le prétexte de quelques courses alimentaires ou d'une ou deux photos à prendre, pour échapper encore un instant à ce que je dois pourtant faire.

6 commentaires:

Lancelot a dit…

Au final, on croit conserver le souvenir en conservant la chose qui le suscite, alors qu'en fait le souvenir se passe aisément de support. Il y a quelque part un sentiment de profanation lorsqu'on jette, mais au fond c'est une impression bien fausse et dérisoire, parce que les objets ne sont que des objets, et ils n'ont que la valeur qu'on leur accorde quand on les regarde. Voilà pourquoi, selon moi, on ne les regrette jamais après s'en être débarrassé. Je pense être exactement comme toi dans ce domaine.

karagar a dit…

Je me suis rendu compte à l'occasion de mon changement de vie/maison que je n'étais pas attaché aux objets, j'ai laissé l'essentiel de 15 ans de vie commune derrière moi sans y penser. Deux font exception, je ne suis amoureux que de deux objets, ma cathédrale et ma harpe. Il en va bien autrement des plantes, je pense encore, cinq ans après à ces centaines de plantes que j'ai plantée avec tellement de passion : celle ci a-t-elle survécu, qu'est-elle devenue celle-là, m'a-t-elle dépassé en taille etc...

Cornus a dit…

Je ne suis pas du genre conservateur. Le fait de jeter aurait même plutôt tendance à me "libérer", alors même que les souvenirs restent bien ancrés.
Cent chemises ? J'ai peine à imaginer.

Anna F. a dit…

Cent chemises ! Saperlipopette ! Moi qui peste quand je regarde les piles de chemises de mon époux. Je suis allée de ce pas les compter. 30, 35 et je trouve que c'est largement suffisant. Bon, rien de passionnant, mais ce petit message est aussi un prétexte pour vous embrasser très fort, parce que c'est vrai j'ai eu un peu peur. Peur pour vous, votre maman, votre frère. Bonnes vacances Calyste.

piergil a dit…

Calyste au cent chemises et..sans pantalon!....
n'ai bien saisie la ..perche?

Calyste a dit…

Lancelot: effectivement, je pense que nous avons ce point commun.
Karagar: moi aussi, je pense encore à mes plantations dans la maison de campagne de Haute-Savoie que la famille de Pierre n'a pas hésité à vendre.
Cornus et Piergil: oui, 100 chemises, mais beaucoup moins de pantalons dans lesquels je puisse me glisser depuis que j'ai grossi!
Anna: merci, et pour l'inquiétude, et pour les vœux de bonnes vacances, et surtout d'exister telle que vous êtes. Moi aussi, je vous embrasse très fort, très fort.