À Munich, au Musée de la Résidence, un reliquaire abriterait lui aussi la tête de Jean le Baptiste. Cette relique fait partie d’une vaste collection autrefois détenue par Guillaume V de Bavière et par son fils Maximilien Ier. Selon le musée, le pape aurait donné à Guillaume V la permission d’acquérir des reliques en 1577, mais on ignore si cette tête sainte en particulier est véritablement entrée en sa possession.
San Silvestro in Capite, basilique catholique de Rome, prétend détenir le haut du crâne de Jean le Baptiste, sans la mâchoire. Au 9e siècle, l’église devint un lieu de conservation de reliques de saints et de martyrs des catacombes romaines et la tête de Jean le Baptiste serait l’une des nombreuses reliques présentes sur le site depuis la fin du 12e siècle au moins.
La quatrième tête de Jean le Baptiste est l’une des pierres angulaires de la cathédrale d’Amiens. Elle est arrivée par une route relativement empruntée au Moyen Âge : quand Walon de Sarton, prêtre officiant dans une église de Picardie, revint de croisade en 1206, il rapporta avec lui plusieurs reliques saintes, et notamment la tête de Jean le Baptiste qu’il aurait trouvée à Constantinople. Une balafre au-dessus du sourcil droit du crâne donna du crédit aux affirmations de Walon de Sarton, car Hérodiade avait infligé une blessure comparable au visage du martyr. En 1206, Walon de Sarton remit la tête à l’évêque Richard de Gerberoy. Quand la cathédrale telle que nous la connaissons fut achevée bien des années plus tard, le chef de Jean le Baptiste servit de pièce centrale dans le nouvel édifice ; une nécessité étant donné que dès 787, l’Église avait décrété que "tout évêque surpris à consacrer une église sans reliques devait être déposé comme quelqu’un qui a bafoué les traditions ecclésiastiques". La présence du chef de Jean le Baptiste à Amiens était non seulement essentielle, mais ce fut également une aubaine pour l’église locale. En possession d’une relique aussi estimée, Amiens devint un important lieu de pèlerinage ainsi qu’un endroit visité par des membres de l’élite sociale.
Décollation de saint Jean-Baptiste (1608), Le Caravage |