lundi 17 mars 2025

Yves

Yves, c'était le collègue, prof d'anglais, que j'appréciais beaucoup. C'était un original, dont on ne pouvait jamais savoir ce qu'il allait dire quand il prenait la parole. Un prof d'anglais mais un amoureux de la langue française, qu'il ne supportait pas de voir massacrer à l'oral. Il m'avait d'ailleurs un jour complimenté sur ma façon de la respecter, ce qui m'avais fait plaisir (j'en avais eu le rose aux joues).

J'en garde un souvenir assez cocasse, de cet homme fluet et un peu "précieux". Il avait la voiture en exécration, n'en possédait pas et ne se déplaçait qu'à pied et en transports en commun. J'avais pourtant réussi à le convaincre de monter dans la mienne ("C'est bien parce que c'est toi !) pour se rendre à une invitation chez Kikou, à Chananay. Je le sentais crispé et attentif au moindre de mes mouvements, à la moindre autre voiture circulant sur cette petite route. 

Et voilà qu'arrivés dans le village, ce qui ne m'était jamais arrivé arriva :une crevaison. Nous étions descendus de voiture, lui blême, moi plutôt agacé. Sans écouté ses conseils tous plus farfelus les uns que les autres, je fini par trouver la roue de secours (ça existait à l'époque !). Mais là, impossible de déboulonner, même en s'y mettant à deux ! J'ai fini par appeler chez Kikou et un ami, plus vigoureux, est venu nous prêter main forte. 

Pauvre Yves ! Une seule expérience en voiture et une crevaison (en plus, la seule que j'ai jamais connue) ! Il est décédé le 5 mars, "suite à une longue maladie, à 86 ans. Et, passant par hasard près de chez lui au début du mois, j'ai eu l'idée de lui rendre visite. Je ne l'ai pas fait. Sa famille ne nous a prévenus qu'après les obsèques. Toujours aussi discret, Yves.