jeudi 26 décembre 2024
Erasme, Eloge de la folie
(Début du texte)
Moi qui vous parle, la Folie, j’ai plus d’un détracteur ici-bas, même parmi les plus fous. Mais on peut les laisser dire sans danger, car ils ne pourront jamais faire que je ne jouisse d’une puissance à nulle autre pareille pour mettre en gaieté les dieux et les hommes. En voulez-vous une preuve ? — Tout à l’heure j’entre dans cette nombreuse assemblée pour y prendre la parole ; je n’avais pas encore ouvert la bouche que déjà vos visages marquaient une hilarité peu commune, et que des rires joyeux et sympathiques saluaient mon apparition ! Maintenant, j’ai autour de moi des dieux d’Homère, ivres de nectar et de népenthès ; auparavant vous aviez l’air de gens qui sortaient de l’antre de Trophonius. Lorsque le soleil se montre radieux à la terre, ou lorsque le printemps, après un rigoureux hiver, ramène les zéphyrs, tout change d’aspect, et la nature rajeunie revêt les plus riches couleurs ; à l’instant, ma présence vient d’opérer la même métamorphose sur vos physionomies. Les plus habiles orateurs n’arrivent qu’à grand’peine, avec de longs discours longuement étudiés, à chasser les soucis du front de leurs auditeurs ; moi, je n’ai eu qu’à me montrer, et la chose était faite.
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4 commentaires:
Je me réjouis de ma propre folie !
Fait partie des livres dont je relis des passages de temps à autre, et toujours je savoure.
Et tu as bien raison car personne ne s'en réjouira à ta place ....
Moi aussi, j'ai adoré ce livre, lu il y a bien longtemps mais toujours dans ma tête
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