Un mythe toujours debout !

Les prescriptions sanitaires de Novembre nous ayant empêchés d'aller sur les tombes familiales dans un autre département, c'est seulement aujourd'hui que nous nous y sommes rendus. Autoroute pour l'allée puis petit bout de route campagnarde (celle qu'en 1985 je prenais plusieurs fois par semaine pour rendre visite à ma grand-mère hospitalisée) que j'aime pour son tracé vert et sinueux. Au retour, autres routes de campagne avec nostalgie du hameau où j'ai passé mon enfance). Les constructions nouvelles ont envahi les anciens champs et terres de labours. 

Mais elle, elle est toujours là ! La Maison du Diable (vue sa longévité, je peux me permettre les majuscules !). C'est un endroit qu'on redoutait, nous les enfants, lors des promenades pédestres : une maison abandonnée (qui n'a rien d'une ferme) au milieu d'un champ en pente avec vue sur les monts du Pilat. Nous nous attendions toujours à voir surgir devant nous Satan cornu et autres diables vociférants. A l'adolescence pourtant, c'est là qu'Yvon et moi allions parfois assouvir nos fantasmes érotiques d'adolescents. Avec mauvais conscience, certes, mais nous l'avions déjà, cette mauvaise conscience, pour ce que nous y faisions. Et puis aussi du défit. Une façon comme une autre d'exorciser nos peurs enfantines. 

Nous sommes repassés par là aujourd'hui : elle est toujours debout (et dire qu'on avait déjà fait le coup de la peur de cette maison à mon père enfant !). Un arbre a poussé à côté, le toit s'est un peu effondré et la façade présente, à la place de la porte, un grand trou béant (peut-être percé par un paysan pour y abriter un char ?). Elle ne me fait bien sûr plus peur maintenant et la route qui la surplombe était aujourd'hui encombrée de randonneurs plus ou moins véloces. Mais j'aime y passer encore quelquefois et cet après-midi, je l'ai photographiée avant qu'il n'en reste rien (on ne sait jamais !). Une forme comme une autre de nostalgie, sans doute.

Au fond, les Monts du Pilat