Déjà, dans les dernières décennies, des milliers de platanes ont disparu de nos routes et de nos parcs, atteints par une maladie extrêmement contagieuse (quand ce ne sont pas les automobilistes qui ont demandé qu'on les coupe parce que trop dangereux après la virée du samedi soir).
Aujourd'hui, c'est pour l'olivier que l'on craint, pas encore en France mais dans le sud de l'Italie, dans la région des Pouilles et tout particulièrement de Lecce où près de 30 000 oliviers sont contaminés ou morts de dessèchement à cause d'une bactérie qui porte bien son nom : la Xylella fastidiosa, et leur donne la maladie de Pierce, originaire de Californie.
L'olivier n'est pas seulement un arbre. Dans l'Antiquité grecque, lorsque Cécrops érigea la capitale de son royaume, on dut choisir un nom à la ville et l'on fit appel aux dieux. De son trident, Poséidon fit jaillir une source du rocher de l'Acropole mais cette eau était salée (Une autre tradition évoque, plutôt que la source, un cheval, symbole de guerre). Athéna, elle, plus intelligente, fit pousser sur l'Acropole un olivier, symbole de paix et d'abondance. Le conseil des dieux opta pour le cadeau d'Athéna et c'est elle qui donna son nom à Athènes.
Dans la Bible, c'est également un rameau d'olivier que rapporta à Noé la colombe qu'il avait lâchée de son Arche à la fin du déluge. Ainsi l'arbre fut-il, ici aussi, la symbole de la paix, de la nouvelle alliance entre Dieu et les hommes.
Mais est-il vraiment besoin de remonter aussi loin pour comprendre que l'olivier n'est pas n'importe quel arbre ? Je me souviens encore de la beauté de cette "forêt" d'oliviers qui s'étend (s'étendait ?) aux pieds du sanctuaire oraculaire de Delphes. Cet arbre souvent plus que centenaire est, pour moi, d'une beauté à couper le souffle, malgré (ou à cause de) son tronc si tortueux et de ses fruits si généreux.
Ainsi risquons-nous, dans un avenir plus ou moins proche, de connaître la France sans platanes, les Pouilles sans oliviers et, pourquoi pas, la Toscane sans cyprès. Quant à la paix dans le monde, elle aussi, elle se dessèche...
lundi 4 mai 2015
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8 commentaires:
Oui ce sont de beaux arbres, j'en ai même deux dans mon jardin, qui ne feront jamais d'olives par manque de chaleur estivale, mais qui pousse très bien et résistent très bien aux vents de l'extrême ouest breton (comme les chênes verts, acclimatés depuis au moins le XIV ème en Bretagne) ce qui en dit long sur la violence des vents méditerranéens. Il est normal que les civilisations dont tu parles donnent une grande place à l'olivier, puisque ce sont des peuples méditerranéens, zone où l'olivier a une importance nutritive essentielle. Dans les mythologies d'autres peuples dont nous sommes tous autant héritiers (mais les français sont des latins n'est ce pas, comme les champs Élysées sont la plus belle avenue du monde :)) ce sera tantôt le chêne, l'if ou le tilleul qui fera l'arbre tutélaire.
Quand au platane, c'est un hybride créé en Angleterre, on voit hélas plus rarement ses parents (américains et proche oriental), et j'ignore s'ils sont sensible à la maladie...
Ou l'arbre à pain en Océanie, et le baobab en Afrique, "arbre aux palabres" qu'il est sacrilège de couper...
Karagar : il se trouve que, par mon ancien métier, je suis plus renseigné sur nos origines latines mais je ne demande qu'à en connaître d'autres.
Plume : bien sûr, mais ces deux arbres sont rares dans mon entourage !
Peut-être qu'il n'y aura plus de platanes ou d'oliviers, mais tant que l'arbre à bûches ne se casse pas la gueule et tant l'arbre à fabriquer des douelles et des boites de camembert résiste à la pasteurisation, ça laisse de la marge pour voir venir...
Moi mon truc ce sont les ormes, que sont nos ormes devenus, où les ormes s'en sont-ils z'allés ?!
Chroum : ça me rappelle la chanson Les Crapauds : "Orme, chêne ou tremble, nul arbre ne tremble..."
On a déjà perdu à cause de la seconde graphiose, les trois espèces d'ormes en France (pas l'existence de ces espèces, mais les arbres car ils ne dépassent que rarement une taille d'arbuste). Cela est dû principalement à la mondialisation des échanges.
Nous craignons pour les frênes à cause de la chalarose, même si je suis un peu moins pessimiste.
Pour les platanes, je n'ai pas vu l'étendue des dégâts dans la moitié nord de la France, ou cela n'a pas l'air d'être catastrophique. Mais les platanes ne sont pas indigènes de France, mais de Méditerranée orientale, au moins pour Platanus acerifolia qui est d'ailleurs une espèce alluviale.
Les histoires d'origine italienne avec l'olivier me semblent sérieuses, mais je n'en sais pas davantage. J'ai vu que des précautions importantes avaient été prises pour la Corse où les importations de nombreuses espèces d'arbres et arbustes sont suspendues.
Cornus : tu imagines un monde sans arbres ? L'horreur !
Je l'ai déjà imaginé, effectivement. Certains s'emploient à ce que ce soit le cas, même s'ils n'en n'ont pas tous conscience. Et pour un arbre disparu, combien de dizaines, de centaines d'espèces disparues elles aussi ?
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