Ce matin, Maria est venue. Je la connais depuis presque quarante ans. Nos rapports, au début, ont été un peu tendus : trop d'orgueil de part et d'autre. Peu à peu, nous avons appris à nous connaître et elle est aujourd'hui une des rares personnes auxquelles je tiens beaucoup.
Née en Espagne, elle est l'aînée d'une nombreuse famille pauvre, très pauvre, et a passé sa vie à travailler. Elle ne sait ni lire ni écrire. Je lui ai proposé plusieurs fois de lui apprendre mais elle a toujours refusé obstinément, prétextant qu'elle était trop bête pour y parvenir. Alors que pour moi, c'est un des êtres les plus intelligents que je connaisse. D'abord parce qu'elle a développé, pour s'en sortir, toute une panoplie de stratégies qui me laissent toujours émerveillé par leur créativité. Ensuite parce qu'elle est d'une humanité touchante, à s'oublier elle-même au profit des autres, de sa famille en particulier.
J'aime travailler avec elle dans la maison. Ce matin, nous avons nettoyé la cuisine de fond en comble, heureux comme deux gamins toujours prêts à rire. Elle me confie sur elle des choses qu'elle ne dévoile à personne d'autre, me demande parfois des conseils sur une attitude à avoir vis à vis de tel ou tel problème (comme je le fais aussi de mon côté), me fait part de ses angoisses et de ses joies, de ses fiertés.
Quand je me suis retrouvé seul, elle a montré à mon égard une tendresse que je n'ai perçue chez personne de mon entourage. J'avais l'impression d'avoir une seconde mère, avec une forme de respect différente. Je sais qu'encore aujourd'hui je peux compter sur elle à tout moment et ça, c'est une relation irremplaçable. En plus, tout sent bon chez moi quand elle est passée. Merci, Maria, pour ce que vous êtes.
mercredi 4 décembre 2013
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2 commentaires:
Belle évocation que tu fais là. Des gens plus que fréquentables, vous deux :-)
Cornus : je ne sais pas si nous sommes fréquentables, mais nous nous fréquentons !
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