- la tholos d'Epidaure devant laquelle deux énergumènes (les deux profs de langues anciennes) étaient fous de joie alors que leurs compagnons se demandaient bien pourquoi ces quelques pierres suscitaient autant d'enthousiasme.
- à Mycènes, une de nos amies, aux jambes un peu plus courtes, qui s'était plainte qu'on ne l'attende jamais et du fait que nous redémarrions la montée dès qu'elle arrivait. A Mycènes aussi, le verre de jus d'orange pressée acheté frais au bas du site.
- dans les Météores, le fils de l'hôtelière qui m'avait "emprunté" une de mes paires de chaussettes à l'étendage. Aux Météores aussi, les jupes très longues que les filles avaient été obligées d'enfiler pour pouvoir entrer dans les monastères. Ces mêmes robes nous avaient servi ensuite pour nous changer pudiquement sur la plage.
- les chiens d'Anaphiotika, le quartier d'Athènes aux airs de Cyclades, qui avaient encerclé le groupe de nos élèves et ne laissaient personne s'en approcher, gardant, vieux, leur instinct intact de chiens de berger.
- les élèves (filles) qui avaient volé des bijoux de pacotille dans un magasin et nous avaient mis dans une position délicate. Une fois la bimbeloterie rendue, les commerçants avaient eu la gentillesse d'en rester là. Dans l'heure suivante, la fille qui avait fait un début de coma diabétique.
- les deux garçons qui étaient sortis la nuit de l'hôtel pour "aller faire un tour". Et ce n'était pas, de loin, les plus futés ni les plus aptes à s'orienter. D'où, le lendemain matin, une engueulade monstre au moment du petit déjeuner. J'avais vraiment eu peur pour eux. Et je hurlais avec, face à moi, la colline de l'Acropole.
- la gentille ado qui s'était perdue dans les rues de Delphes (il n'y en a pourtant que deux, en gros) et que nous avions retrouvée en larmes à la sortie de la ville. Et je crois bien que c'est celle-là qui est devenue prof de lettres classiques.
C'est fou comme, quand on tire un fil, tout vient.
lundi 3 juin 2019
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7 commentaires:
Que de momentini dans tes voyages en Grèce. Et il faut savoir gérer !
Tu m'as appris l'expression "chaussettes à l'étendage". Mr Google m'a expliqué.
"Et je hurlais avec, face à moi, la colline de l'Acropole." Beau comme Homère.
Merci de cette mosaïque.
Amusante cette énumération. Bon tu aurais dit que la "jeune ado" était devenue prof de géographie, cela aurait eu plus de sel encore, mais il y a des moments où il ne faut pas trop pousser... quoi que ! :-)
Pipo : savoir gérer, tu ne peux pas imaginer ! Mais il y avait surtout de très bons moments.
C'est le mot étendage qui t'a surpris ?
Beau comme Homère ! C'est peut-être beaucoup, non ?
Cornus : c'est une fille extraordinaire qui, un moment, a vécu en Grèce. Et, tu vois, elle a trouvé le chemin du retour.
Oui, "étendage" m'a étonné. Je ne connaissais pas le mot. A la place de "chaussettes à l'étendage", on employait dans ma famille une locution bien plus longue.
Si tu t'interroges sur Homère, rejoindrais-tu Virgile, "Timeo Danaos ..." ? C'est peut-être l'esprit d'une grande ville (phocéenne au reste) qui a déteint sur moi, lecteur d'un blogueur célèbre, "Des fraises et de la tendresse".
Pippo : en fait le terme exact est "étendoir", mais il me reste parfois des expressions stéphanoises.
"et dona ferentes". Mais tu n'es pas grec, ce qui me rassure un peu !
Pour la ville phocéenne, tu veux dire celle qui a au moins cinquante Canebières ?
Cinquante seulement ? De cette ville, je n'ai descendu qu'un long boulevard, pour découvrir le château d'If, qui me fascinait depuis l'enfance. Puis ce fut pendant trois semaines une académie centrée sur le grand orgue de Saint-Maximin-la-Sainte-Baume, un des merveilles du monde (et je ne suis pas du Sud) !
Pipo : j'ai eu la joie de découvrir le château d'If et son ilot, inondés de soleil, d'une blancheur éblouissante, en sortant de la salle (obscure) de cinéma du bateau qui me ramenait de Corse. Mais je n'ai jamais visité.
Je suis allé aussi à Saint-Maximin, il y a très longtemps, mais n'ai pas vu l'orgue (ou alors j'ai oublié). Je me souviens davantage du Thoronet et te conseille la lecture du roman de Fernand Pouillon (l'architecte) : Les Pierres sauvages, sorte de journal apocryphe d'un moine supervisant la construction de cette abbaye.
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