dimanche 28 avril 2024

Un vendredi dans l'Ain (5)

L'église Saint-Nicolas-de-Tolentin de Brou (4) : autres vues de l'église













Un vendredi dans l'Ain (4)

L'église Saint-Nicolas-de-Tolentin de Brou (3) : le chœur :

À l'intérieur du chœur (1532) se trouvent les mausolées de Marguerite d'Autriche, son époux Philibert II et la mère de ce dernier, Marguerite de Bourbon. Marguerite d'Autriche souhaitait que son propre tombeau ainsi que celui de Philibert soientt "modernes" : contrairement au tombeau de Marguerite de Bourbon, ils comprennent une double figuration, l'une «au vif» et l'autre, à l'étage inférieur, en linceul. 


 - Tombeau de Philibert II (partie supérieure) :

Il occupe le milieu du chœur.et comporte deux étages et deux gisants superposés. La partie supérieure, en marbre blanc de Carrare, représente le duc en costume d'apparat, entouré d'anges de style italien (putti). Soutenant cette partie, dix  petites statues féminines, les "Sibylles" , laissent entrevoir le gisant.



 - Tombeau de Marguerite de Bourbon : 

Il témoigne par sa décoration de l'exubérance du gothique tardif. Il ne comporte qu'un seul gisant placé dans un enfeu. Son gisant repose sur une dalle de marbre noir. La princesse est vêtue d'un manteau d'hermine et ses pieds sont appuyés sur une levrette, symbole de fidélité. Derrière le gisant figurent des "putti" portant des écussons avec les initiales de Marguerite et de son époux. Sous le gisant, des pleurants, comme on en trouve dans les tombeaux des ducs de Bourgogne, alternent avec des "putti"

 - Tombeau de Marguerite d'Autriche :

Sous un dais sculpté à l'image des lits de funérailles, le tombeau de Marguerite d'Autriche comprend également deux gisants. Sur le gisant supérieur la défunte apparaît la tête ceinte de la couronne ducale et revêtue d'un manteau d'apparat. À ses pieds se trouve également une levrette. Ce gisant supérieur la représente à son âge réel au moment du décès, cinquante ans, tandis que celui du dessous la montre sous un aspect idéal au moment de la Résurrection. La différence entre les gisants est ici beaucoup plus frappante que ce n'est le cas pour Philibert, mort jeune. À la tête du gisant supérieur, deux angelots tiennent les armoiries de Marguerite. Sur la partie supérieure du dais courent ses devises : «Fortune-Infortune-Fort-Une» et «F.E.R.T.».



 - Stalles :

Les stalles en chêne ont été réalisées par le menuisier bressois Pierre Berchod, dit Terrasson. On compte soixante-quatorze sièges, répartis de chaque côté sur deux rangs, vingt-et-un en haut et seize en bas. Les sculptures sont l'œuvre d'un atelier brabançon. À droite en regardant vers le fond du chœur, elles sont consacrées à des scènes et des personnages de l'Ancien Testament, à gauche des scènes et des personnages du Nouveau testament. Les sièges sont pourvus de miséricordes.




 - Verrières :

Le maître d'œuvre Louis Van Beughem demanda à un peintre flamand les cartons des vitraux des grandes verrières du chœur . Ils furent réalisés sur place par un atelier regroupant temporairement des peintres verriers de Bourg (Jean Brachon), de Lyon (Antoine Noisin) et d'Écosse (Jean Orquois), entre 1527 et 1529. 


 - Chapelle de Marguerite d'Autriche : 

L'autel de la chapelle de Marguerite d'Autriche, dédiée à la Vierge Marie, est surmonté du monumental retable des Sept Joies de la Vierge, d'une hauteur totale 5,50 m environ et d'une longueur de 3,25 m, célèbre pour la richesse et la beauté de son décor sculpté. Pour sa réalisation, on a utilisé un albâtre veiné de gris et une pierre noire. il a également été sculpté par l'atelier brabançon travaillant à Brou. L'Annonciation et la Visitation sont représentées dans le registre inférieur. Au centre figure l'Assomption encadrée de la Nativité, l'Adoration des mages, l'Apparition du Christ à la Vierge et de la Pentecôte dans les compartiments latéraux. Au couronnement figurent sainte Marguerite, la Vierge à l'Enfant et sainte Marie Madeleine. Marguerite d'Autriche s'est fait représenter sur le retable en prière face à saint Thomas. Elle est vêtue du costume de veuve qu'elle porte depuis la mort de Philibert de Savoie en 1504.


La chanson d'amour du dimanche

Un vendredi dans l'Ain (3)

L'église Saint-Nicolas-de-Tolentin de Brou (2) : Nef et Jubé

En pénétrant, on est frappé par la couleur claire de la pierre et par la lumière que laissent passer de grandes fenêtres dépourvues de vitraux. La nef, voûtée d'ogives et flanquée de bas-côtés et de chapelles, est baignée d'une abondante lumière qui joue sur la pierre d'un blanc doré. Avec ses murs nus, ses puissants piliers et ses verrières incolores, elle est d'une sobriété voulue qui contraste avec le jubé orné de dentelles de pierre. Elle ne contient aucun banc pour les fidèles, car elle n'était pas église paroissiale et seuls les antonins priaient ici.











samedi 27 avril 2024

"Le saint de Brou"

Saint Nicolas de Tolentino, par Piero della Francesca (Musée Poldi-Pezzoli, Milan)

Un vendredi dans l'Ain (2)

Les trois cloître de Brou :

Destinés respectivement aux hôtes, aux moines et aux commis, ils sont en fait le reflet de l’organisation de la société médiévale et de l’Ancien Régime. Trois cloîtres pour trois ordres : noblesse, clergé et tiers état.

- Le cloître des Hôtes :

C’est le premier à être construit. Transition avec le monde extérieur, il tire son nom du bâtiment des hôtes qui le surplombe. C’est dans ces appartements que Marguerite d’Autriche et ses dames d’honneur devaient séjourner, ainsi que leurs domestiques au rez-de-chaussée. Reconnaissable au puits et au magnifique magnolia étoilé du Japon installés au centre, il permet de rejoindre l’église. On y trouve aussi des éléments architecturaux déposés au fil des restaurations de l’édifice. Sur la galerie haute du cloître des hôtes, un plafond à la française, avec poutres apparentes. 







- Le cloître des Moines :

Le deuxième cloître est le plus grand des trois. Il incarne parfaitement l’ampleur des bâtiments du monastère, que Marguerite d’Autriche voulait monumentale. Aussi appelé cloître de la déambulation, c’est ici que les moines venaient méditer en se promenant sous les galeries. Les sept arcades ouvertes dans chaque galerie invitaient les moines à la méditation sur les sept vertus, les sept péchés capitaux, les sept sacrements ou les sept jours de la semaine. 


- Le cloître des Commis !

Ce troisième cloître, dit des commis  , est réservé à toutes les fonctions liées à la vie quotidienne des moines. Pavé de galets, avec son puits couvert, il est d’aspect beaucoup plus simple, et typiquement bressan. Il comporte trois galeries hautes et basses, appuyées sur le bâtiment des moines qui le sépare du second cloître. C’est ici qu’on retrouve le réfectoire, les cuisines, le chauffoir mais aussi les fours, la procure, la cave à vin, une chambre pour les domestiques, l’infirmerie et même une prison. Au sud, la porte cochère menait autrefois aux champs environnants : c’est par là qu’entraient les charriots remplis des récoltes du potager, des fermes et des granges dépendantes du monastère.


Un vendredi dans l'Ain (1)

Revoir le Monastère royal de Brou à Bourg-en-Bresse ? Pourquoi pas ? Surtout avec quelqu'un qui ne connait pas les lieux. Pour moi, il doit s'agir de la troisième ou quatrième visite en quelques années. Et, encore une fois, je n'ai pas été déçu par ces trois heures de visite (musée municipal compris).

Il s'agit d'un chef-d'œuvre de style gothique brabançon du début du XVIe siècle qui se compose d'un ensemble de bâtiments monastiques construits entre 1506 et 1512, et de l'église Saint-Nicolas-de-Tolentin de Brou, édifiée de 1513 à 1532 sur les plans de Louis van Bodeghem dont c'est la seule réalisation connue en dehors des anciens Pays-Bas. Cet ensemble architectural rare a été bâti à grands frais par la très puissante Marguerite d'Autriche, duchesse de Savoie, gouvernante des Pays-Bas bourguignons, marraine et tante de Charles Quint. Elle fit édifier l'ensemble en mémoire de son époux Philibert le Beau et pour respecter le vœu fait par sa belle-mère Marguerite de Bourbon, pour y abriter son tombeau, celui de sa mère et le sien propre.

Thomas Riboud (1755-1835), avocat lyonnais, député de l'Ain et membre du conseil des Cinq-Cents sauve l'ensemble de Brou de la destruction en le faisant déclarer « Monument national » par la Convention

L'église Saint-Nicolas-de-Tolentin de Brou (1) :

La construction de l'église elle-même n'a débuté qu'en 1513, à côté du monastère au style dépouillé. Elle est d’inspiration flamande. En effet, Marguerite d'Autriche qui fut, par ses mariages successifs, dauphine de France, infante d’Espagne, duchesse de Savoie, puis de 1507 à 1530 régente des anciens Pays-Bas, pour le compte de son neveu, Charles Quint, suivit la construction de Brou depuis Malines, où elle résidait, et c'est de Flandre qu’elle envoya, pour l’église, les meilleurs artistes et maîtres d’œuvre dont l'architecte Louis van Bodeghem (ou Van Beughem). 

L'église de Brou est régie par l'idée du passage. Ce sentiment est particulièrement évident lorsqu'on passe sous l'arc triomphale du jubé, nous conduisant de la nef, blanche et épurée, au chœur, richement doté et éclatant de couleur, avec ses vitraux, ses stalles, ses tombeaux en noir et blanc. Il faut imaginer, en plus, au XVIe siècle, un pavement émaillé multicolore.

Extérieurement, l'église de Brou présente un aspect trapu et une architecture flamboyante, dans un style de synthèse entre le gothique brabançon et le gothique flamboyant français, comprenant l'église-tombeau bâtie sur un plan traditionnel en croix latine. Dédiée à saint Nicolas de Tolentino, illustre moine augustin dont la fête se célébrait le jour anniversaire de la mort de Philibert, l'église de Brou, longue de 72 m, large de 30 m et haute de 21 m, présente de nos jours encore un exceptionnel ensemble d'œuvres d'art du début du XVIe siècle dû aux plus grands artistes de l'époque. La façade, est richement ornementée, dans un style gothique flamboyant. Les travaux de restauration lui ont rendu sa toiture de tuiles vernissées polychromes, qui avait disparu au XVIIIe siècle,