J'étais tranquillement en train de lire sur mon canapé, à mi chemin entre lecture et somnolence lorsque mon téléphone portable m'annonce un sms. "Encore une pub", pensai-je aussitôt et je ne me dérangeai pas avant d'avoir fini mon chapitre.
Ce n'était pas de la pub mais une nouvelle glaçante et froidement rédigée : " Bonjour, selon les dernières volontés de Monsieur X, je vous fais part de son décès survenu le 13 février 2018." Rien d'autre : pas d'explications, pas de nom de l'expéditeur, un indicatif de téléphone d'un pays étranger que je n'ai pas encore identifié. J'étais partagé entre la tristesse et la colère : comment pouvait-on annoncer une mort de cette façon ?
Monsieur X est un vieil ami à moi, Michel, le dernier compagnon d'Amédé qui habitait Paris depuis de nombreuses années et chez qui j'avais logé lors de mon dernier séjour dans la capitale. C'était un garçon assez laid et qui n'a jamais eu confiance en lui, je veux dire en ses capacités intellectuelles, alors qu'il était loin d'être déficient de ce côté-là.
Je me souviens du jour où il m'annonça qu'il avait réussi le concours pour entrer à la mairie de Paris. Il pleurait au bout du fil. C'était sans doute la première fois qu'il pleurait de joie. Après la mort d'Amédé, il avait eu un autre ami, à Paris, qui était mort dans ses bras. Jamais il n'avait eu de chance, sauf pour ce concours.
Je lui avais laissé un message pour les vœux de nouvel an, message resté sans réponse. J'étais un peu inquiet de ce silence car je savais qu'il avait eu des ennuis de santé, des problèmes cardiaques. Pour ne pas rester sur ma frustration, j'ai appelé d'autres amis qui le connaissaient : il est mort d'un cancer du poumon, sans vouloir être contacté par qui que ce soit. Il n'avait pas soixante ans. C'est apparemment son frère qui m'a envoyé ce sms.
mercredi 28 février 2018
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4 commentaires:
Je n'aurais pas l'idée d'envoyer un SMS pour ce genre de nouvelles, ça non, mais à part ça en utilitaire, j'en envoie pas mal et j'en reçois autant. Tellement pratique quand on a une info à faire passer vite, une question pratique à poser, sans pour autant vouloir déranger pat téléphone des gens qui sont au boulot par exemple.
Plume : oui, bien sûr, moi aussi, mais sûrement pas pour apprendre la mort de quelqu'un à un de ses amis. En même temps, je comprends son frère (une fois la colère passée) que je ne connais pas et qui en a sans doute assez de répéter la même chose. Mais ce que je reproche surtout à ce sms, c'est de donner l'info brute, sans rien pour expliquer ce qui s'est passé.
Bien sûr un courriel eût été préférable, ou une lettre, ou encore le téléphone. Mais en même temps, quand on ne connaît pas la personne, qu'on n'a pas forcément les adresses... Plus que la nouvelle, c'est le côté laconique qui est problématique. Or un courriel peut être tout autant laconique et un SMS, fort détaillé, comme il m'est arrivé d'en écrire... Heureusement pas dans de telles circonstances.
Cornus : un courriel aussi sec ne m'aurait pas davantage plu. Mais je peux comprendre que la tâche n'était pas très agréable pour son frère.
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