Il y a trois ans aujourd'hui, mon père (P2) mourait. J'ai l'impression que c'était des siècles en arrière. J'étais avec lui, cette nuit-là. Aujourd'hui, nous sommes allés avec ma mère et ma sœur dans la Loire, là où il est enterré. Pas parce que c'était l'anniversaire. Parce qu'il faisait beau, parce que nous n'y étions pas allés depuis longtemps, parce que nous en avions tous envie.
Et le massif du Pilat est toujours aussi beau, et le vert des prés est toujours unique dans ces contrées, et les souvenirs d'enfance affluent chaque fois que j'emprunte en voiture la petite route boisée qui serpente jusqu'à ce cimetière. Le village où j'allais à la messe chaque dimanche a sans doute décuplé sa population, à voir tous les immeubles qui font aujourd'hui oublier l'église, autrefois plantée au milieu de son troupeau, en bonne bergère des images d'Épinal. Les prés autour du cimetière, où avec Yvon nous avons connu parmi nos premiers émois sensuels ensemble sont aujourd'hui encombrés de petites maisons clés en main où l'on s'empresse de maçonner la murette qui vous sépare du voisin, afin d'être bien chez soi, sans ambiguïté.
Mes deux pères sont là, l'un sous la pierre d'un vieux tombeau qui s'effrite, l'autre sous les pensées plantées par je ne sais qui. Au retour, j'ai emprunté, comme chaque fois, les routes de campagne des monts du Lyonnais plutôt que l'autoroute et entendu ma mère raconter pour la millième fois l'anecdote de tel repas dans ce restaurant ou évoquer un tel qui vendait des pantoufles dans ce village au bord de la route. Je crois que si elle n'avait pas raconté ces histoires, cela m'aurait manqué. Il y a des rites qui nous ennuient longtemps mais auxquels on finit par tenir.
dimanche 11 avril 2010
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3 commentaires:
Bien jolie la dernière phrase : "mmmmmmmmmm" (avec le nombre requis de M cette fois, j'espère ?)
Corollaire : si on nous prive des rites qui nous ennuient, on risque d'être malheureux... J'y repenserai à ma retraite, quand je ne participerai plus à la douce cérémonie de la correction des copies.... ;-)
PS : j'allais oublier : les "premiers émois sensuels" en compagie du jeune Yvon sont-ils relatés quelque part...? Je serais très ennuyé d'avoir raté le récit de ce rite-là............ :-D
Quelle commère, ce Lancelot !
On le savait déjà, K. !
Non, je n'ai pas raconté mes premiers émois sensuels, espèce de satyre! Quant aux copies, s'il est une chose que je ne regretterai jamais....
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