Elle avait pris ce pli dans son âge enfantin
De venir dans ma chalmbre un peu chaque matin;
Je l'attendais ainsi qu'un rayon qu'on espère;
Elle entrait et disait: "Bonjour, mon petit père!",
Prenait ma plume, ouvrait mes livres, s'asseyait
Sur mon lit, dérangeait mes papiers et riait,
Puis soudain s'en allait comme un oiseau qui passe.
Alors je reprenais, la tête un peu moins lasse
Mon œuvre interrompue et, tout en écrivant,
Parmi mes manuscrits je rencontrais souvent
Quelque arabesque folle et qu'elle avait tracée,
Et mainte page blanche entre ses mains froissée
Où, je ne sais pourquoi, venaient mes plus doux vers...
Et dire qu'elle est morte! Hélas! Que Dieu m'assiste!
Je n'étais jamais gai quand je la sentais triste;
J'étais morne au milieu du bal le plus joyeux
Si j'avais, en partant, vu quelque ombre en ses yeux.
Victor Hugo, Les Contemplations
Juste comme ça, pour le plaisir. Le printemps est à la poésie, semble-t-il.
Et dire que certains trouvent ses vers pompeux! Il a aussi su écrire des choses aussi simples que celle-ci, avec un cœur brisé de père.
vendredi 19 mars 2010
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8 commentaires:
C'est bizarre ! Je repensais justement à cette poésie il y a deux jours. Je l'avais apprise à l'école primaire. Mais 'on' nous avait coupé la fin où il raconte qu'elle est morte. Trop triste pour des gamins de 7 ans probablement. J'étais tombé sur le texte intégral quelques semaines plus tard, et ça m'avait énormément attristé, en effet.
Enfin bref, tout ça pour dire que les grands esprits, etc etc...
A mon avis, Les Contemplations sont son plus beau recueil. Je n'ai pas mis "Les Deux Sœurs", mon poème préféré, car j'en ai déjà parlé (il me semble) il y a pas mal de temps.
Dis-moi, par le plus pur des hasards, est-ce dans les Contemplations qu'il y a le poème commençant par : "Quant aux quatre saisons, trois au moins sont stupides. Au diable le Printemps et toutes ses couleurs, avril n'est qu'un enfant maussade et pleurnicheur..." . J'avais beaucoup aimé ça aussi quand j'étais gamin !! Je ne me souviens que des premiers vers, j'ai oublié le reste, j'ai cherché partout (y compris sur internet) et je n'ai rien trouvé. Alors peut-être du côté du fan-club.....?
Moi pas connaître. Jamais entendu. Recherche vaine dans ma bibliothèque et sur internet où je suis aussi allé faire un tour. Tu es sûr que c'est de Hugo?
Euh ! serait-ce du Musset ?
Ca me désespère de ne pas pouvoir retrouver ce poème....
Je vais tacher de me renseigner. Mais ce n'est pas gagné d'avance. Bises, Chevalier.
Merci pour ce texte magnifique et émouvant ! Cela me donne vraiment envie de lire ces contemplations (que j'ai du étudier il y a bien longtemps...)
J'ai ressorti le livre de la bibliothèque. Je croyais avoir l'intégralité du recueil, je n'en ai que des extraits. Il est, pour quelques temps, sur mon bureau.
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