CUL: si je m'écoute, nous sommes encore une fois partis pour un bien long billet, tant les emplois de ce mot, seul ou en combinaison, sont infinis et variés.
A tout seigneur tout honneur: le latin, pour l'étymologie du terme. Culus, tout simplement (n'allez pourtant pas vous imaginez qu'en rajoutant -us au masculin et -a au féminin vous maîtrisez la langue de César).Un mot bien court aussi, sans famille collatérale, sauf si on en rapproche indûment culiculus (petit moucheron, et pas mouche bleue) ou culicellus (celui qui papillonne autour. Sans commentaire). Culus, dans le Gaffiot, a droit à une unique ligne alors qu'il est suivi de cum, l'un des plus longs articles de ce dictionnaire. Nous sommes pourtant rassurés d'y découvrir que Cicéron et Catulle ont parlé du leur, ou peut-être de celui de l'une ou l'autre de leurs maîtresses.
Mais revenons à notre bonne langue nationale, qu'on l'affuble du qualificatif de gauloise ou de celui, plus récent, de rabelaisienne. Le Cul se met à toutes les sauces: s'il faut se méfier du faux-cul, on peut fort bien, si l'on n'est pas trop snob, faire ami-ami avec un cul-terreux. Le cul-bénit et le lèche-cul (que je rencontre parfois dans mon collège catholique, sous la forme adulte du parent ou plus homéopathique de l'élève) m'insupportent. Le gros-cul du routier peut vous rendre de fiers services en cas de nécessité d'auto-stop. Quant à notre niais de cucul la praline, fait-il vraiment partie de la famille de notre postérieur ici analysé?
Côté combinaisons, rappelons pour mémoire le cul-de-basse-fosse (qui n'est pas, comme certains le croient peut-être, un mauvais chanteur d'opéra), le cul-de-jatte, à ne pas confondre avec le cul de bouteille, le cul-de-lampe (qui, sans doute, invite à fermer le livre et sombrer dans la sommeil à la fin d'un chapitre), le cul-de-four, voûté dès l'origine, le cul-de-poule qu'imitent à la perfection certaines bouches à la moue dédaigneuse et le cul-de-sac, vocable si merveilleux que même les anglo-saxons, qui y regardent toujours à plusieurs fois avant d'introduire chez eux un produit étranger, l'ont adopté, en le prononçant, il est vrai, d'une manière bien à eux, faisant appel, pour le positionnement des lèvres, au gallinacée susnommé.
(En allant faire un tour dans le dictionnaire, pour m'assurer de ne pas en avoir oublié, j'en ai découvert un autre, inconnu de moi jusqu'à ce jour: un cul-de-porc, nom d'un nœud marin particulier, en forme de bouton)
Notre petit (trou du) cul mutin s'accoquine aussi fréquemment avec nos deux auxiliaires pour s'en donner alors à cœur-joie: avoir du cul (de la chance), l'avoir dans le cul (avoir été trompé), avoir le feu au cul (baver sur son prochain ou sa prochaine), avoir des couilles au cul (être courageux. Voir aussi "couilles"), en avoir plein le cul (sens figuré: en avoir assez), être le cul entre deux chaises ( position bien inconfortable pour celui qui la vit avant de prendre une décision), être cul (très bête), être cul par dessus tête (à l'envers), être comme cul et chemise (donc fort intimes, comme on l'imagine aisément).
Il s'arroge même le privilège de fréquenter les verbes, les vrais, et là, ça ne rigole plus: faire cul sec (en levant le coude), tirer au cul (Voir arrêts de travail), péter plus haut que son cul (donc à la hauteur de la narine des autres, que cela incommode), tortiller du cul pour chier droit (être trop compliqué), se casser le cul (antonyme de tirer au cul), lécher le cul (voir lèche-cul, pluriel: lèche-cul ou lèche-culs selon l'appétit), se le foutre au cul (de la manière qu'il vous plaira).
Et, pour terminer, une expression que j'apprécie particulièrement, comme chaque enseignant, je pense: "Parle à mon cul, ma tête est malade".
Si vous en trouvez d'autres, envoyez-les moi: je les éditerai ..... postérieurement.
mercredi 16 septembre 2009
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
12 commentaires:
Tes élèves, tu les connais mieux que personne, peut-être ne faut-il pas leur en apprendre, le promettre viendra plus tard normalement. Mais je suis certain qu'ils aimeraient malgré tes précautions d'usage.
Censeur ! :)
Moins que tu ne sembles le penser, Olivier! Si je rencontre une de ces expressions dans un texte étudié, je l'explique, sans hypocrisie.
Parfois, tu as des billets un peu cul-cul !
Quel cul-turiste !
Un torche-cul est un très mauvais journal. Rabelais a utilisé l'adjectif "torcheculatif"
Continuez: il faut les ac-cul-muler!
A la maison, mes parents apprenaient aux enfants à manger de tout. Moi, à six ans, la saucisse choux me faisait vomir, d'où cette remarque de mon père : "les petits culs difficiles finissent leur assiète"
Dans le jargon militaire, marcher les uns derrière les autres, c'est marcher bite-à-cul. Dire qu'on a supprimé le service atif, quelle idiotie.
Peut-être pas répertoriée encore dans les ouvrages traitant de la richesse expressive du français : "ça me troue le cul"càd: je n'en reviens pas.
J'adore cette expression, j'en use et j'en abuse, et je sens qu'un de ces jours je vais faire un impair.
Une autre, d'une extrème délicatesse : "Ce type a le cul bordé de nouilles". Il a de la chance.
Bon, je me sauve, on va dire que je suis vulgaire...
Bon, je retiens torche-cul, bite-à-cul, trouer le cul et avoir le cul bordé de nouilles. J'en ferai un addendum un de ces soirs. E,n plus, comment ai-je pu oublierla tienne, KarregWenn: c'était une des expressions préférées de Pierre.
Il fait noir comme dans le cul d'un nègre !
Pardon : d'un Auvergnat
Brice? De Nice?!!!
Enregistrer un commentaire