Aujourd'hui, j'accueillais ma classe de cinquième, en tant que professeur principal.
C'est toujours un moment émouvant, de voir dans la cour ces pré-adolescents déjà mal dans leur corps pour certains, encore accompagnés pour la plupart de leurs parents, maman en général, et qui n'en reviennent pas eux-mêmes d'avoir autant grandi pendant les vacances.
Il y a ceux qui se tiennent raides, déjà prêts pour la compétition qu'ils comptent bien gagner, ceux qui, encore petits, lorgnent, mine de rien, vers les tables de ping-pong, attendant avec impatience d'être libérés et de reprendre leur jeux d'enfants, ceux qui, se balançant d'un pied sur l'autre, ont du mal à cacher leur angoisse, ceux qui bavardent, ceux qui rêvent, ceux qui se grattent le nez. Toute une panoplie de nouveaux visages face à nous, les profs, que, bien sûr, ils connaissent déjà, de vue ou de réputation.
J'avoue éprouver chaque fois un grand sentiment de gratitude intérieure quand, à l'annonce de mon nom pour telle ou telle classe, j'entends des soupirs de soulagement ou même des murmures de contentement dans les rangs. Je n'ai jamais entendu autre chose, je n'ai jamais lu un graffiti insultant à mon égard, et cela me fait plaisir, vraiment. Je le dis sans honte et sans forfanterie.
A l'arrivée dans la classe, il a fallu en calmer deux ou trois que la montée de l'escalier avait fait sortir de leur réserve passagère. Distribuer les livres, les carnets de correspondance, les cartes d'identité scolaire, les emplois du temps. Ramasser les réponses aux circulaires de bourses, fiches médicales, APE, catéchèse, demi-pension, droit à l'image... Vérifier l'orthographe des noms, les prénoms, les langues vivantes, les options. Écrire au tableau les noms des professeurs, de toute l'équipe pédagogique, prêter de la craie au prof de la salle à côté, commenter le règlement intérieur.
Et, bien sûr, pendant ce temps, avoir l'œil sur l'assistance pour éviter les dérapages ou les problèmes de compréhension, prendre la température d'un groupe avec qui l'on va passer de nombreuses heures, et, avec l'œil restant, vérifier que l'on n'a pas pris de retard, que tout sera bien fini à midi. Ne pas afficher un visage trop sympathique, ne pas leur laisser croire non plus qu'ils ont en face d'eux un kapo aboyeur. Crevant! Surtout pour la voix qui, même chez un bavard comme moi, en prend toujours un coup les jours de rentrée.
Voilà, c'est fait. J'ai embrayé avec un après-midi de travail, apprentissage de nouvelles façons de naviguer sur Internet (je suis nul dans bien des domaines), et remise en ordre de certains de mes dossiers, en jachère depuis quelques années. Des heures obligatoires mais pas enthousiasmantes.
Ce soir, je suis K-O. C'est bien pire que la course à pied. Sans doute le changement brusque de rythme. Et demain, six heures de cours. Alors, je dis que je vais me coucher de bonne heure et JE VAIS LE FAIRE. Cochon qui s'en dédit.
mercredi 3 septembre 2008
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6 commentaires:
Bonne nuit alors :)
Mouais.... j'ai quand même quelques doutes. A demain pour le café !
ça represente quoi la photo? l'arbre de la la connaissance ?....y'a t'il une pomme à croquer?....
Et t'as un surnom ?
hum... c'est un euphémisme lorsque tu parles de "sortie de réserve naturelle" en montant l'escalier, n'est-ce pas ?
Sinon, cher collègue, j'ai eu la même réaction que toi à la fin de mes cours aujourd'hui : "Ce soir, je ne fais RIEN". Juste RIEN. Je laisse décanter toute l'agressivité de la journée, je ne parle pas pour que mes cordes vocales récupèrent des 6 heures d'activité inhabituelle, je tente de faire le vide et de ne pas en rêver (le plus difficle)...
Et surtout, je prends de l'élan mentalement pour la suite.
Plein de pensées positives pour cette année scolaire ! Que la force pédagogique soit avec toi !
Pirgil, la photo montre un mur du hall de l'auditorium Maurice Ravel. L'arbre présente pratiquement tous les musiciens composant ou ayant composé l'Orchestre National de Lyon, tous instruments confondus. Pour moi, oui, c'est l'arbre de la connaissance, celui dont on espère que les fruits vont mûrir et prospérer.
Merci, Olivier.
Eh bien si, Tef!
Petrus, je ne crois pas, mais tu sais, on est toujours les derniers informés. A une époque, j'ai su que c'était TPS (télévision par satellite), à cause de mes oreilles, mais ça n'a pas duré.
Merci, Shakti. Je t'en souhaite tout autant, voire plus, car je pense que tu es dans un établissement plus difficile que le mien. Courage et bonne humeur!
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