La première, c'était au début des années soixante-dix, et ça aurait pu être Mort à Lyon, puisqu'en sortant du cinéma, j'étais tellement bouleversé que j'avais traversé le Cours Lafayette en oubliant totalement les voitures.
Puis revu à la télévision, en comprenant de mieux en mieux, au fil des ans, le personnage de Gustav Von Aschenbach (Dirk Bogarde) et en étant toujours aussi fasciné par Silvana Mangano. Quant à la beauté physique de Tadzio (Björn Andrésen), elle m'a toujours laissé de marbre (contrairement à celle de l'italien brun qui joue avec lui sur la plage) .
L'avantage de revoir, c'est de remarquer certains détails inaperçus les premières fois. Par exemple, dès les premières images, sur le bateau, Von Aschenbach est assis sur un fauteuil en rotin qui se délite. Quand on sait le perfectionnisme de Visconti sur les décors, ça ne peut être un hasard : alors ? Annonce cachée de l'épidémie et du délitement d'une société quasi moribonde ?
Quant au bateau lui-même, il a pour nom Esmralda, comme la prostituée allemande à qui Aschenbach rend visite à Munich. Un nom qui concrétise les deux fois les fissures dans le rigorisme moral du musicien.
A chaque image, également, la beauté, la mort et la déliquescence sont étroitement associées, dans le thème bien sûr mais aussi dans le moindre détail.
Un point pourtant que je n'aime pas : les pauses de Tadzio, la main sur la hanche.
J'ai lu après avoir vu le film la nouvelle de Thomas Mann , Tod in Venedig, et, à aucun moment je n'ai ressenti la même émotion. Cela vient sans doute de la musique du film, surtout la symphonie n°3 et l'adagietto de la 5°, de Gustav Mahler, compositeur que j'ai découvert (et apprécié) à cette occasion. Aujourd'hui, et sans doute jusqu'à ma mort, cette musique et les images brumeuses de la lagune vénitienne resteront liées à jamais.
6 commentaires:
Vu aussi, à sa sortie, emballée, revu beaucoup plus tard, totale indifférence, pas revu cette fois-ci. Mais regardé le doc sur Björn Andrésen (Tadzio). Depuis ce rôle jusqu'à sa vieillesse misérable aujourd'hui. L'art d'utiliser un jeune humain et de le laisser choir ensuite. Triste, désolant. Pas bravo à Monsieur Visconti et aux autres après lui.
Cher Calyste,
L'adagietto de la 5e de Mahler m'était déjà connu, mais je dois à Visconti de m'avoir fait découvrir le "O Mensch" de la 3e, qui m'a bouleversé, comme si cette voix portait toute la misère du monde.
Bonne soirée.
J'en ai souvent entendu parler, mais je n'ai jamais vu.
Plume : vu aussi le doc. D'ailleurs, mais Visconti ne m'a jamais semblé un personnage sympathique. Terrible destinée que celle d'Andrésen. Pour tout te dire, je croyais qu'il était mort d'une overdose depuis longtemps.
Pippo : Mahler fait partie des rares compositeurs qu'il m'a fallu un temps pour apprivoiser.
Cornus : bien dommage. c'est splendide (et il n'y a pas beaucoup de piano !)
je l'ai déjà dit, un film qui m'est insupportable à tout point de vue (vu dans de mauvaises conditions il est vrai, mais je n'ose réessayer ne serait ce qu'à cause de la bande son, brouhaha ambiant et musique, qui est rédhibitoire)
Karagar : je me demande si nous parlons du même film !
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