Il en est des mots comme des humains : ils naissent, s'épanouissent, connaissent une vie plus ou moins longue (d'autant plus courte aujourd'hui qu'elle est liée à une mode ou à une forme d'argot) puis meurent et sont oubliés.
Quand j'étais enfant, j'entendais souvent mes parents dire de tel ou tel : il a une marotte. Qui emploie encore ce mot aujourd'hui ? Qui en connaît le sens ?
Marotte serait d'abord, à l'époque de la Renaissance, le diminutif de Marie. On trouvait aussi mariotte qui désignait une image de la Vierge. Étrangement, par un glissement de sens progressif qui serait trop long à expliquer, ce dernier a donné marionnette et l'adjectif mariole ( de "faire les Marie", c'est-à-dire la sainte nitouche, l'innocent). Une marotte était donc à l'origine une image de la Vierge.
Il désignait aussi un petit sceptre représentant une tête couverte d'un capuchon garni de grelots que brandissait le fou à la cour. Un peu plus tard, par analogie, la marotte désigna le buste en carton qui servait à maintenir en forme les coiffes à la campagne puis la tête qu'utilisaient les coiffeurs et les modistes.
Mais ce fut le fou qui l'emporta : son attribut au XVII° siècle est attesté dans de nombreuses expressions : porter la marotte, à chaque fou sa marotte. D'où, peu à peu, le sens de folie, adouci plus tard en idée fixe.
Ne croyez pas que je savais tout ça depuis longtemps. Mais j'ai chez moi un gros ouvrage fort instructif sur la vie des mots : Le Dictionnaire historique de la Langue Française, publié sous la direction d'Alain Rey.
vendredi 28 février 2014
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
6 commentaires:
Eh bien, en ce qui me concerne, j'utilise le mot "marotte", mais je n'en connaissais bien sûr pas l'origine.
Bien que je sois loin d'être un homme de lettres (je ne suis pas facteur :-), je pense être un cas un peu atypique car l'expérience me montre que j'utilise des mots et expressions inconnus de beaucoup de mes interlocuteurs.
Intéressant, mais comme Cornus, je dirais que ce mot, sans être des plus courants, se fait entendre encore et me semble être bien connu.
Dans le sens de marionnette en tout cas il est fort utilisé dans les écoles.
Cornus : mais tu es un homme cultivé !
Karagar : si j'étais encore enseignant, j'aurais fait un sondage auprès de mes élèves. Je continue à penser que la jeunesse l'ignore.
Plume : marotte pour marionnette ? Je ne le savais pas.
Ici, en Belgique, avoir une marotte = avoir un hobby, une douce occupation un peu futile, un obsession gentillette pour un sujet donné...
bisous
Caly : ma Caly est de retour ! Comme je suis heureux de te retrouver !
Oui, "marotte" a aussi ce sens chez nous.
Je viens de vérifier ma boîte mail que je n'ouvre pas souvent et j'y vois un message de ta part (j'aurais pu y penser : C. m'avait prévenu). Je te promets de te répondre très vite, mais pas trop parce que je ne veux pas te dire n'importe quoi. Milles bisous, ma caly.
Enregistrer un commentaire