(Écrit le vendredi 10 juillet)
Hier soir, nous étions partis pour une soirée télévision. Comme rien d'intéressant n'y était proposé, nous avons ressorti une vieille cassette, un film que j'avais envie de revoir depuis déjà longtemps: Une Semaine de vacances, de Bertrand Tavernier.
Le film était sorti, si je me souviens bien, en 1980. Outre le fait qu'il était le premier à montrer avec autant d'intelligence la beauté de Lyon, de la ville et de sa région, il évoquait, de façon nouvelle également, la difficulté pour un jeune enseignant d'assumer la lourde charge qui lui est très tôt mise sur les épaules, de savoir non seulement enseigner mais aussi éduquer, de concilier l'amour de sa matière, de son métier, des enfants et les déceptions inévitables et souvent brutales. A sa sortie, j'enseignais depuis quatre ans, trois de remplacements dans les banlieues de la ceinture lyonnaise et un dans le privé, dans un LEP où je tâchais de vivre le grand écart obligatoire entre mes études des Humanités latine et grecque et la réalité quotidienne de CAP en échec scolaire. Inutile de dire si, pour ces deux raisons, ce film m'avait marqué.
J'ai été heureux de voir que l'image qu'il m'en restait n'était ni fausse ni trop transformée par les fantasmes. Ainsi les premiers instants, la vieille dame toujours seule aperçue par la fenêtre de l'appartement d'en face, je m'en souvenais parfaitement. de même que de l'or automnal d'un soleil levant sur les vignes du Beaujolais. La jeune élève qui croit être bête, également, alors qu'elle a toute une richesse intérieure à faire éclore.
Revoir ce film m'a procuré un grand plaisir: retrouver la jeunesse de Nathalie Baye, si fine, si fragile, et de Gérard Lanvin, me souvenir que Michel Galabru n'a pas été qu'un acteur de mauvais films, apercevoir, un court instant, Jean Dasté dont ce fut sans doute un des derniers rôles, si ce n'est le dernier, savourer la délicatesse et la pertinence des dialogues sur l'enseignement:
- Qu'est-ce qui t'a fait choisir le métier de prof?
- Je n'ai pas choisi, après j'ai aimé.
Aujourd'hui, rien n'est à jeter dans ces dialogues, ils n'ont pas pris une ride. Si certains aspects du monde éducatif se sont depuis beaucoup radicalisés (on ne fume pas dans une établissement scolaire, encore moins lors d'un rendez-vous de parents; on ne songerait même plus à recevoir des élèves chez soi, tant cette privauté comporterait de risques), l'essentiel du message du film est encore valable aujourd'hui. Il faudrait que certains détracteurs de l'école et des enseignants le voient et y découvrent la dose d'abnégation et d'amour des enfants qu'il faut pour supporter la pénibilité de ce métier.
Pour ma part, je découvrais à peine l'enseignement lorsque tavernier a sorti son film. J'avais fait quatre ou cinq ans derrière un bureau. C'est à peu près ce qu'il me reste à assurer avant la retraite. Une vie professionnelle s'est donc écoulée entre alors et aujourd'hui. Je suis heureux de constater que mes sentiments, mes réactions, mon approche de ce métier, ma conception de ce qui doit être n'ont pas changé au cours des ans. Et je crois que j'en suis fier.
jeudi 16 juillet 2009
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4 commentaires:
Heureuse de retrouver vos mots,
mosaïque de vos jours, de vos nuits,
chanson souvent douce et tendre
teintée d'humour, clin d'oeil complice,
mais aussi de révolte et de colère.
Les couleurs de votre vie sous le ciel qui change.
Heureux également de vous lire, Océania.
Le film (vu à la télé) m'avait beaucoup marqué alors que j'étais ado. Surtout la réplique du gamin : "Je m'en fous, parce que votre vie à vous, elle est finie". Je me souviens que j'avais préparé en moi une réponse cinglante, 'au cas où'. J'ai eu de la chance, je n'ai encore jamais eu l'occasion de l'utiliser depuis que j'enseigne ! ;-)
J'espère bien que tu n'en auras jamais l'occasion!
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