- Ai voté ce matin. Pas la foule des grands jours au bureau mais, dans la rue, comme chaque fois, une certaine animation, là où, un dimanche ordinaire, on pourrait chanter à tue-tête sans déranger personne.
- Mon bureau de vote était tenu par mon ancien voisin. J'ai osé engagé la conversation de façon plus personnelle avec lui. Il m'a dit avoir déménagé le 28 décembre. Je ne m'en suis rendu compte que la semaine dernière. Autrefois, j'étais curieux de mes voisins... mais il est vrai aussi que l'hiver fut froid et que chacun se retirait derrière les volets fermés. Je n'ai pas osé lui poser de question sur sa mère, ou celle que je suppose être sa mère.
- Je n'étais pas allé au cimetière, sur la tombe de Pierre, depuis trois semaines. Sans trop de mauvaise conscience, c'est vrai. La mauvaise conscience, le mal être, je l'ai eu ce matin, sous le ciel gris: rien n'avait changé. L'herbe n'a pas poussé, comme s'il n'y avait pas besoin de moi pour entretenir. J'espère que le pied de lavande n'a pas gelé: il ne présente en ce moment que de courts moignons secs et vides.
- Surpris par l'importance donné par les médias à la mort de Jean Ferrat. Je ne m'y attendais pas. Y aurait-il en France, plus que je ne croyais, une culture muette et résistante? Certains témoignages font sourire cependant, ou feraient sourire s'ils n'étaient pas grotesques.
- Sur le marché Saint-Louis, ce matin, pas de militants, pas de tracs, pas de mots d'ordre. Repos. Je n'ai jamais aimé que l'on me traque. Sinon, comme un loup, je mords. y compris ceux des partis pour lesquels je vote. Je n'ai jamais su faire deux choses à la fois.
- Des jonquilles et des tulipes doubles. Tout en jaune. Le jaune et le bleu sont les couleurs du printemps. Cela me rappelle une conversation avec la mère de Pierre. Il y a combien de printemps? Après vient le rouge. Pour ma mère, des œillets du Var, mais ils ne sentent pas encore.
- Dans la rue, aperçu, derrière une fenêtre étroite, posé sur le rebord, un compotier rempli de pommes jaunes en pyramide, sous un court rideau laissant passer la lumière. Comme un tableau de la vie courante. Un peu de sérénité.
Mauvais citoyens que nous sommes, nous n'avons pas été voté. D'abord parce que nous ne sommes pas inscrits. Puis parce que nous refusons de choisir un bulletin par dépit. Je sais, c'est mal.
RépondreSupprimerMordre ou voter, il faut choisir !
RépondreSupprimerC'est si gélif que ça la lavande? Ou alors il a fait vraiment très froid!
RépondreSupprimerAlors, on peut voter blanc, Kab-Aod!
RépondreSupprimerVoter me semble plus utile, Lancelot :-)
Il a fait vraiment froid, karagar! Comme rarement ici.