A propos de l'interdiction à Paris de l'exposition Our Body, dont le passage à Lyon et Marseille a déjà fait quelques vagues (mais dans ces deux villes, elle a pu avoir lieu), un membre lambda de je ne sais plus quelle commission a eu, il y a quelques jours, ces mots à la radio pour expliquer ce niet:
" Paris tient à son titre de capitale de la culture et du bon goût."
Auto proclamation sans doute! Les autres apprécieront!
(Je précise que je n'ai pas vu cette exposition, par choix PERSONNEL.)
Tout le monde ne peut pas être Capitale, admettons-le.
RépondreSupprimerDe là à affirmer qu'il s'agit de Paris, c'est une autre histoire...
Mais voilà qui ressemble à une bonne vieille guerre de clochers.
Pas du tout, Olivier. Mais reconnais que, comme parole prétentieuse (et bien française), on ne fait pas mieux. Je pensais, en écrivant ce billet, aux capitales étrangères qui méritent, il me semble pour certaines, tout autant le label culture et bon goût. Non?
RépondreSupprimerMême s'il ne s'agit pas de ton clocher, c'en est d'autres. D'ailleurs, tu as tagué avec le mot "violence".
RépondreSupprimerEvidemment, je suis d'accord avec toi, mais tu sais très bien que ce type d'expressions sera toujours légion. Même si ça n'est pas une raison pour ne pas la souligner.
La violence, Olivier, était pour moi plutôt dans l'interdiction. Même si je n'aime pas le concept de cette exposition, j'aime encore moins les interdictions bien-pensantes!
RépondreSupprimerBonjour Calyste !
RépondreSupprimerj'ai découvert ton blog via la blogroll de Patrick.
my 2 cents --parce que j'ai été heurtée par la tenue de cette expo:
La raison donnée était sans doute maladroite dans la formulation -quoique, il faut aussi envisager que son auteur ne visait pas les autres villes, mais voulait avant tout dire qu'il trouvait cette expo de mauvais goût.
J'avoue que je trouve davantage de violence dans la nature de cette expo, que dans son interdiction. Bien sûr, il y a là un "topos" collectif : le respect du corps du défunt (topos si fort qu'il figure même au code pénal, si je ne me trompe).
A titre plus "subjectif", j'ai refusé d'aller voir cette expo, parce que je pense qu'on n'expose pas le corps de toutes les façons, quelque soit le prétexte. Il y a là une sorte de déni de la personne humaine, que je rapprocherais de celui qui se produit quand le corps est traité comme pure marchandise ou comme pur utilitaire de service (prostitution, trafic d'organe, et dans une certaine mesure utilisation d'embryons). Bien sûr, il n'est pas évident de placer le curseur avec exactitude : mais il y a là un vrai problème. D'autant plus qu'il est loin d'être démontré que les corps ainsi chosifiés et exposés aient été ceux de gens ayant donné leur accord de leur vivant. Est-ce que je supporterais de voir le corps de ma grand-mère, de cet ami mort il y a peu, fouillé, démantibulé, plastifié, montré à tous ? non. Alors pourquoi devrais-je me distancier parce qu'il s'agit de corps de gens que "je ne connais pas" ? Ne sont-ils pas tout autant mes semblables ? parce que voilà, pour "accepter" le concept de cette expo, il faut d'abord distancier, jouer le point de vue de Sirius en qq sorte, mettre l'humain entre parenthèse pour désactiver l'empathie et gober la réduction de ces corps à des utilitaires justes destinés à nous divertir, à chatouiller notre curiosité --et le prétexte donné, celui de la connaissance et de l'instruction, dans sa maladresse révèle bien le malaise, tant il vise à excuser et masquer la petite opération de désempathisation demandée au visiteur : "tu peux regarder, oui c'est sans problème éthique, c'est permis, puisque c'est de la science, et la science c'est bien". Prétexte qui naît du besoin d'une permission (intéressante aussi la portée idéologique de l'argument de la "science", qui joue sur une bien-pensance dans l'ordre de la connaissance, mais c'est peut-être un autre sujet).
Finalement, je trouve que l'interdiction remet les choses en place. Mais en même temps ç'aurait été, de la part des auteurs du recours, une bonne idée d'avoir une analyse plus radicale et mieux revendiquée, que juste parler de "goût" --parce que ce n'est pas une question de bon ou de mauvais goût, c'est mou et biaisé comme argument. En ce sens l'interdiction se trompe peut-être de raison d'être, et ça c'est embêtant, parce que finalement juste causer de mauvais goût c'est se situer pas si loin que ça du point de vue des exposants.
Personnellement, Flo, j'aurais préféré que l'idée d'une telle exposition ne naisse dans aucun cerveau humain. Le fait qu'elle existe prouve qu'il est grand besoin de repères et de pédagogie dans notre société. Mais pas d'interdictions comme seul remède à tous les maux.
RépondreSupprimerMerci, Flo, pour ton commentaire chez moi. J'ai moi aussi l'habitude de lire tes réactions chez Patrick.