Quand j'ai expliqué mon "projet autobiographique", titre d'ailleurs bien pompeux pour ce que je veux faire, certains, plus par humour qu'en y croyant vraiment, se sont exclamés: "Ouais! du cul, du cul!". Je crains que ceux-là ne soient très déçus. Et je m'explique.
J'aime le sexe, je n'en fais pas mystère, je l'ai déjà dit et je le répète. J'aime cette façon de célébrer la vie, à défaut pour moi de la donner. J'aime ces plaisirs, ces jeux avec l'autre, avec son corps, avec mon corps. J'aime caresser, embrasser, baiser, mordiller, mordre, fesser, effleurer, triturer, sentir, respirer, provoquer, subir, faire subir. J'aime tout ça comme un fou, mais j'aime le faire, pas le raconter.
Il ne s'agit nullement de pudeur: je me mets très facilement nu sur une plage naturiste ou dans la nature lorsque le temps s'y prête. Je peux accepter qu'un spectateur mate des ébats a priori privés. Cela peut m'exciter même certaines fois. Je peux jouer à l'occasion le rôle du voyeur, même si j'ai du mal à ne pas participer. J'ai donc, je pense, le parfait comportement de l'homosexuel de base quand il a décidé d'assouvir ses pulsions et de concrétiser ses désirs.
Je n'ai rien non plus contre ceux qui racontent leurs ébats sexuels sur un blog, dans un livre ou à l'occasion d'une émission de téléréalité. Je suis suffisamment tolérant pour ne pas lancer d'anathème ou ne pas concevoir que cela puisse être réprimé. Il m'arrive de lire ces textes chauds, torrides mais je ne les trouve ni chauds ni torrides. Je m'y ennuie très vite: finie la combinaison de doigtages, léchages, enculages, bouffages de cul, suçages de bites, que reste-t-il? Une grande monotonie: les gestes du sexe sont limités. On tourne vite en rond. J'ai tenté de lire les ouvrages de Sade: ils me sont tombés des mains à cause de la répétitivité des scènes décrites. Et ce n'est pas un peu plus de sel par ci, de piment par là qui y change quoi que ce soit: la pitance n'est pas digeste.
Il faudrait sans doute, pour aiguiser l'appétit, une écriture, un style qui porte au phantasme, un peu plus d'érotisme, un peu moins de viandasse. Peut-être pas d'ailleurs. La viandasse peut elle aussi avoir du bon: si je considère les photos de mecs à poil(s) que l'on trouve un peu partout sur les sites spécialisés, sites dont quelques adresses sont sur mes favoris, je trouve que certaines sont très excitantes, qu'elles me font réagir, voire plus si grande affinité. A quoi cela tient-il? Sans doute à la part d'imagination qui peut encore s'ajouter au cliché pour m'émoustiller, à la mise en œuvre de mes phantasmes, au choix de l'objet du désir, de l'homme bien sûr, en totalité, ou seulement de son torse, de ses jambes, de son cul, de son sexe, de ses lèvres, de ses oreilles, de tout ou partie qui suscite ma convoitise.
Alors que l'écrit ne me provoque pas, ou très rarement, le même plaisir solitaire. Il m'est arrivé de me masturber sur des photos ou des vidéos, jamais sur des mots. Non, je me trompe: j'aime les mots que l'on peut entendre sur l'oreiller, ou la tête sur un ventre accueillant, j'aime ces mots, même orduriers, si le moment s'y prête et si la voix qui les dit me fait vibrer, si j'y entends les sonorités rauques du désir qui grandit avant de s'assouvir dans les cris ou le silence.
Ainsi donc, pas de sexe, en tout cas pas plus que d'habitude, dans mes futurs billets. Si, pour des raisons indépendantes de ma volonté, je suis un peu en manque de pratique ces derniers temps, je suis bien décidé à vite rattraper le temps perdu, mais pas en utilisant mon stylo.
Déçus? J'espère que non.
Et pas de bouteille, non plus.
RépondreSupprimerIl est étrange que pour quelqu'un qui respire par la lecture et l'écrit tu ne vibres pas à ce genre de récit. Je ne t'en fais pas le reproche, je sais que tu as bien des sensibilités dans ton humanité. Quelle différence y a-t-il avec les photos ? Les mots qu'elles n'ont pas, justement.
Ce propos est un joli coup de cape.
Bises, J.
Quand, un autre lecteur et moi, parlions de sexe, il fallait comprendre tes amours !
RépondreSupprimerJe te suis très bien,J.(même pour pas de bouteille, j'ai compris du premier coup!), mais "coup de cape"? Veux-tu dire que ça décoiffe?
RépondreSupprimerBises, R.
Petrus, excuse-moi: en vieillissant, j'ai l'impression qu'il me faut de plus en plus d'explications de texte.
Je trouve les récits érotiques souvent plus excitants que les images, les personnages s'y dévoilent plus quand les mots expriment aussi des émotions.
RépondreSupprimerCertaines photos peuvent stimuler l'imagination.
Par contre les filmsX sont très décevants(oui, oui, n'en ai matés!). L'insipidité des scénarios, des dialogues, la minceur des personnages les rendent vite ennuyeux voire indigeste.
Sinon "du cul et du recul" n'était qu'une boutade sur les derniers mots du billet et nullement une revendication: l'est très bien comme il est ce blog.
Je te pardonne ton ton professoral,déformation professionnelle ! Le juriste que je suis est parfois un peu obtus !
RépondreSupprimerNon, Petrus, c'est moi qui suis obtus, et ça se confirme: je n'avais pas compris le jeu de mots de Piergil.
RépondreSupprimerBien belles "sirènes", Piergil! Je veux bien moi aussi prendre une gaule!
Tiens, comme quoi tous les goûts sont dans la nature : il m'est arrivé, moi, de trouver certains textes très excitants.
RépondreSupprimerLes photos ou les films, ça peut être bien, aussi. Pas toujours. Un autre truc que j'aime beaucoup, c'est le DESSIN sexuel. Si c'est bien fait, ça peut me surexciter.
Amusant ces méandres que peut emprunter (ou pas) le désir, chez les uns et chez les autres.