Autobiographie.2: le portrait chinois (par moi) (début)

Autorisé à la lecture de tous, sauf de J., que j'ai choisi pour rédiger mon portrait chinois selon lui et que je ne veux pas influencer.

1°) Si j'étais un animal, je serais: un LOUP.
Je n'ai pas hésité une seconde. C'est un animal qui m'a toujours fasciné, et pas seulement par la beauté de son regard. Tout petit déjà, alors que je lisais des contes, je n'avais pas peur de ce prédateur. C'est lui qui me plaisait, que je plaignais lorsqu'il était tué, alors que bien souvent ses victimes me paraissent particulièrement mièvres et sottes. Tenez, par exemple, Blanchette, la fameuse chèvre de monsieur Seguin! Qu'elle reste donc tranquillement dans son enclos et se contente de nous donner du lait: c'est son rôle après tout! Elle a cherché, elle a trouvé! Et que l'on ne me dise pas que le loup est méchant: il faut bien qu'il mange. Autre exemple: le Petit Chaperon Rouge, cette fillette écervelée plus intéressée par son nouveau petit chapeau que par sa grand-mère malade. Ce ne sont pas là des adversaires dignes d'un loup. Longtemps méprisé et craint à la fois, le loup semble peu à peu revenir en grâce. Je trouve personnellement que c'est un animal extrêmement intelligent, à la fois solitaire et social, capable de tactique, en meute, pour parvenir à ses fins (à ses faims?), chassant pour manger et non pour le plaisir de tuer comme on le dit souvent. Un individu qui aime être seul mais a besoin de la meute pour exister.

2°) Si j'étais une plante ou une fleur, je serais: une PIVOINE, épanouie et généreuse. J'aime cette fleur par son aspect moussu même si je regrette qu'elle n'ait pas de parfum et que son épanouissement ne dure que peu de temps. En fait, puisqu'il fallait choisir, j'ai choisi, mais j'aime toutes les plantes et toutes les fleurs ou presque, elles qui concrétisent les cycles de la vie et de la mort. J'aurais aussi pu dire: la première pousse qui transperce la neige et annonce le printemps, les pétales répandus sur la table dans un bruissement de soie alors que s'en exhale le dernier parfum, l'or des vignes à maturité, le bourgeon qui s'en vient alors que l'on croyait la branche morte ou la rose encapuchonnée de blanc au plein cœur de l'hiver.

3°) Si j'étais un arbre, je serais: un PEUPLIER.
Pour deux raisons. La première est l'odeur très particulière qu'ont les feuilles de ces arbres en pourrissant, une odeur à la fois repoussante et entêtante. J'étais autrefois écœuré par ces relents en automne, surtout que bien souvent, de la boursouflure fréquente à la jonction de la tige avec la feuille elle-même, s'échappait un grouillement de vers minuscules. Peu à peu, lors de mes courses dans la campagne principalement, j'ai appris à apprécier cette odeur, à la rechercher même car annonciatrice de la fin de l'automne.
La deuxième raison est purement littéraire. Elle me vient des Métamorphoses d'Ovide, de celle de Philémon et Baucis, ce couple de vieillards qui avaient demandé à Zeus de ne pas les séparer par la mort. Ainsi le maître de la foudre les fit-il disparaître le même jour et, pour honorer la beauté de leur amour, il les transforma en deux arbres magnifiques, un chêne et un peuplier dans mes souvenirs, que le vent, en passant dans leurs branches, incite à se redire leurs mots d'amour et de tendresse que l'humain qui passe confond avec le bruissement de leurs feuillages.

A suivre...