lundi 5 octobre 2015

Réflexions autour d'une mort

Aujourd'hui, on enterrait une des vieilles dames qui gravitent autour de mon noyau d'amis. Elle était malade depuis longtemps et sa mort n'a surpris personne. Rendez-vous au funérarium pour une petite cérémonie civile organisée par la même association à laquelle nous nous étions adressés pour mon frère. Les gens ont trouvé très bien, et ça l'était sans doute effectivement.

Mais j'ai trop fréquenté ces dernières années pour ne pas être en overdose :  les lieux, le cérémonial aux paroles douces, trop douces, le "convoi" (en fait, chacun est allé à pied jusqu'au cimetière voisin) sous la pluie. Seule les larmes de sa petite-fille qu'elle a quasiment élevée m'ont touché. J'avais, autrement, l'impression que tout est banalisé, standardisé, formaté, que la mort est presque devenue un rite commercial.

Je pensais aux enterrements auxquels j'ai assisté dans mon enfance, avec prêtre, messe et vrai convoi. Ça avait une autre allure. Mais n'était-ce, finalement, pas la même chose, avec, souvent, juste un peu plus d'hypocrisie ? Je crois, en fait, que j'en ai soupé des paroles consolatrices et des fosses ouvertes.

4 commentaires:

  1. Jadis, les parents des morts vous mettaient dans le bain
    De bonne grâce ils en f'saient profiter les copains
    " Y a un mort à la maison, si le coeur vous en dit
    Venez l'pleurer avec nous sur le coup de midi... "
    Mais les vivants aujourd'hui n'sont plus si généreux
    Quand ils possèdent un mort ils le gardent pour eux
    C'est la raison pour laquell', depuis quelques années
    Des tas d'enterrements vous passent sous le nez

    Mais où sont les funéraill's d'antan ?
    Les petits corbillards, corbillards, corbillards, corbillards
    De nos grands-pères
    Qui suivaient la route en cahotant
    Les petits macchabées, macchabées, macchabées, macchabées
    Ronds et prospères
    Quand les héritiers étaient contents
    Au fossoyeur, au croqu'-mort, au curé, aux chevaux même
    Ils payaient un verre
    Elles sont révolues
    Elles ont fait leur temps
    Les belles pom, pom, pom, pom, pom, pompes funèbres
    On ne les r'verra plus
    Et c'est bien attristant
    Les belles pompes funèbres de nos vingt ans

    Maintenant, les corbillards à tombeau grand ouvert
    Emportent les trépassés jusqu'au diable vauvert
    Les malheureux n'ont mêm' plus le plaisir enfantin
    D'voir leurs héritiers marron marcher dans le crottin

    L'autre semain' des salauds, à cent quarante à l'heur'
    Vers un cimetièr' minable emportaient un des leurs
    Quand, sur un arbre en bois dur, ils se sont aplatis
    On s'aperçut qu'le mort avait fait des petits

    Mais où sont les funéraill's d'antan ?
    Les petits corbillards, corbillards, corbillards, corbillards
    De nos grands-pères
    Qui suivaient la route en cahotant
    Les petits macchabées, macchabées, macchabées, macchabées
    Ronds et prospères
    Quand les héritiers étaient contents
    Au fossoyeur, au croqu'-mort, au curé, aux chevaux même
    Ils payaient un verre
    Elles sont révolues
    Elles ont fait leur temps
    Les belles pom, pom, pom, pom, pom, pompes funèbres
    On ne les r'verra plus
    Et c'est bien attristant
    Les belles pompes funèbres de nos vingt ans

    Plutôt qu'd'avoir des obsèqu's manquant de fioritur's
    J'aim'rais mieux, tout compte fait, m'passer de sépultur'
    J'aim'rais mieux mourir dans l'eau, dans le feu, n'importe où
    Et même, à la grand' rigueur, ne pas mourir du tout
    O, que renaisse le temps des morts bouffis d'orgueil
    L'époque des m'as-tu-vu-dans-mon-joli-cercueil
    Où, quitte à tout dépenser jusqu'au dernier écu
    Les gens avaient à coeur d'mourir plus haut qu'leur cul
    Les gens avaient à coeur de mourir plus haut que leur cul

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  2. Oui, je trouve que la mémoire d'un être humain mérite mieux que ces rituels standardisés, civils ou religieux.

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  3. Je n'ai pas assisté à des tas de funérailles dans ma vie, parce que finalement, il n'y a pas eu tant de morts que cela (et parce que ma famille est assez restreinte). Dans la région ici, j'ai assisté à trois cérémonies. A l'église, cela ne se passe pas de la même manière que dans le Lyonnais ou le Morvan.
    Je ne connais sans doute pas (encore) ton overdose. Les discours et déclarations finalement très convenues ne me touchent plus. Ce qui me touche, c'est que certaines personnes fassent l'effort de venir aux obsèques. Je l'ai vu, je l'ai apprécié. Et en même temps, je comprends parfaitement que l'on puisse pas venir. Et je pense que c'est aussi parfois bien d'aller aux obsèques non pas pour celui qui est mort, mais pour les vivants qui restent et qui sont les seuls à avoir des besoins.

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  4. Chroum : le bon vieux Brassens...

    karagar : oui, mais quoi, à part la mémoire "intérieure" ?

    Cornus : je serais incapable de dire qui était ou n'était pas à l'enterrement de Pierre, tant je n'ai pas vu ceux qui m'entouraient.

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